Bonneville

Tome 1/2 : Quatre zéro sept !

Scénario et dessins : Marvano
Couleurs : Bérengère Marquebreucq

Dargaud

Records

Bonneville Salt Flats... un vaste désert de sel au coeur de l'Utah. Rien n'y pousse mais des choses s'y passent... Depuis un siècle, sur sa célébrissime piste de vitesse, se succèdent des engins aux noms mythiques (Bluebird, Thunderbolt, Railton Special, Spirit of America...) et des personnages étonnants, poussés par la passion et le démon de la vitesse : c'est le monde du LSR (Land Speed Record ou « record de vitesse terrestre ») que nous fait découvrir Marvano.

Amitié, ferveur et drames sont au rendez-vous, tandis que le monde vit au rythme de grands événements qui touchent aussi les protagonistes de Bonneville : l'élection puis l'assassinat de Kennedy, Gagarine dans l'espace, les missiles de Cuba...

Peu connu chez nous, le LSR avait déjà été évoqué par les Graton -père et fils- du côté de Michel Vaillant (Mach 1 pour Steve Warson dans la série classique et Voltage dans la nouvelle saison). Marvano, passionné d'automobile, nous en propose une approche davantage historique à travers le regard d'une petite fille, puis ado, Zeldine Johnson. Celle-ci assiste aux grands moments de cette course au record, menée par des passionnés un peu fous qui n'hésitent pas à se mettre aux commandes d'engins high-tech ou, inversément, bricolés avec de petits moyens. A l'arrivée, un record ou pas, souvent la déception, et parfois le drame...  L'ensemble prend place dans un décor aussi unique que dépouillé : le grand lac salé de Bonneville, dans l'Utah.

L'auteur choisit donc d'articuler la construction de ce premier volet de Bonneville (il s'agira d'un diptyque) sur le récit de Zeldine. Celui-ci est mis au premier plan. Résultat, les dialogues sont très réduits et Marvano préfère développer de longs narratifs que viennent renforcer ses images. On a ainsi plus souvent l'impression de lire un livre illustré qu'une BD traditionnelle, et si l'on ne s'intéresse pas un minimum à l'histoire de l'automobile et à cet univers très particulier, s'accrocher aux nombreux noms, chiffres et tentatives de record qui jalonnent l'album se révèle plutôt exigeant.

Heureusement, le versant graphique de Quatre zéro sept ! est, lui, particulièrement séduisant. Le trait réaliste de Marvano est élégant et les rares dialogues lui permettent de travailler différemment son découpage, ses planches et ses cases. Dans un décor fascinant, le dessinateur va souvent à l'essentiel. Ses cases, comme des images d'archives redécouvertes, en viennent à offrir une dimension quasi icônique aux pilotes, ingénieurs et engins défiant parfois l'imagination qui se sont mesurés au Land Speed Record. Les couleurs délicatement nuancées de Bérengère Marquebreucq renforcent cette réussite graphique. Dans son histoire, Marvano évoque la SF parallèlement aux initiales des Salt Flats, et certaines planches touchent presque à cette dimension. Mention spéciale, aussi, pour la belle image de couverture.

Un album au traitement aussi particulier que son sujet.