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La guerre des Lulus : 1916 La perspective Luigi - 1/2, par Régis Hautière, Damien Cuvillier (Casterman)

La guerre des Lulus

1916 La perspective Luigi - 1/2

Scénario : Régis Hautière
Dessins : Damien Cuvillier
Couleurs : David François

Casterman

Franco-suisses ?

Printemps 1916. Alors qu’ils cherchent à fuir la zone occupée par l’armée allemande, quatre orphelins français et une jeune réfugiée belge montent dans le mauvais train et arrivent à Berlin, capitale du Reich. Pour survivre dans une ville étrangère meurtrie par la famine, ils partagent le quotidien d’une bande de gosses des rues, tout en cachant leur véritable nationalité.Au cœur du territoire ennemi, ils manquent à chaque instant d’être capturés par la police ou pris dans des affrontements avec d’autres bandes !

Le drôle de séjour (involontaire) en Allemagne, en pleine première guerre mondiale, de Luigi, Ludwig, Lucas, Luce et Lucien n'ayant pu être développé dans les 5 albums de La guerre des Lulus, voici donc cette Perspective Luigi, sorte de spin-off destinée à combler cette lacune en un diptyque. Vingt ans ont passé, et en 1936 quelqu'un vient recueillir le témoignage de Luigi, devenu fabricant de confitures artisanales. De là débute un long flash-back, porté par les souvenirs du plus gourmand des Lulus. Régis Hautière conserve pour cette Perspective le ton de la série-mère, et à nouveau le charme opère.
 
Perdus dans la capitale allemande, les gamins se font passer pour suisses, et, en essayant d'être discrets, ils vont avoir fort à faire pour y survivre. En effet, ils rejoignent une bande de gosses des rues dont la principale préoccupation est de se nourrir quotidiennement. Mais d'autres groupes, plus sinistres, existent aussi, en contact avec la pègre...ou avec la police du reich. Ce tableau pourrait être très noir, mais heureusement le scénario évite le piège du misérabilisme et laisse de l'espace pour un hupmour toujours bienvenu. Les courses-poursuites avec les policiers du parc, par exemple, ont quelque chose de chaplinesque. On pouvait également craindre que ce diptyque se contente de surfer sur le succès de la série-mère, mais il n'en est rien, La perspective Luigi apporte un intéressant complément  à l'histoire originale  en nous donnant, notamment, un aperçu de la vie à Berlin pendant cette période.

Tout en en respectant les codes, Damien Cuvillier, en charge graphique de La perspective Luigi, ne cherche pas à fondre son trait dans celui de Vincent Hardoc, dessinateur de la série initiale. Néanmoins, la transition de cette dernière vers cette spin-off se fait harmonieusement, et si les fidèles lecteurs des Lulus se rendront compte qu'il ne s'agit pas exactement de la même chose, ils ne devraient pas être décontenancés pour autant. Saluons aussi le travail de David François sur les couleurs, et l'habile contraste qu'il installe gr(âce à celles-ci entre le présent lumineux (1936) et des événement survenus 20 ans plus tôt (entre les tomes 3 et 4 de la série originale).

Bref, si l'idée de cette spin-off pouvait donner à s'interroger, cette concrétisation en un premier album rassure et convainc. Nous n'en avons pas fini avec les attachants Lulus et on s'en réjouit !
 
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Pierre Burssens
20/07/2018