Auracan » chroniques » Corb-Nez
Corb-Nez, par Charyn, Civiello, collection Signé (Le Lombard)

Corb-Nez

Scénario : Charyn
Dessins et couleurs : Civiello

Le Lombard, collection Signé

La reine fugueuse

Bernado je suis et serai à jamais, moine, guerrier et voleur de renom. Je chante Guillaume l'Hébreu, l'homme au nez crochu, prince de Narbonne, et chef de guerre sans égal. J'ai rencontré Corb-Nez en l'an de grâce 797. J'étais alors l'esclave de Youssef, wali de Cardona...  Guillaume l'Hébreu, dit Corb-Nez, était un vassal de Charlemagne. C'est à ce guerrier vainqueur de mille batailles que l'empereur confia la plus délicate des missions : lui ramener Witgar, l'épouse fière et indomptable du roi de Bourgogne, enfuie chez les Maures.

On connaît surtout Jérôme Charyn pour ses polars, et on ne s'attendait pas forcément à retrouver sa signature sur une fresque historique telle que Corb-Nez. L'auteur s'en tire cependant avec les honneurs en nous narrant l'histoire de ce Corb-Nez, soldat dévoué que tout désignait pour devenir un héros. Un dévouement qui va lui jouer des tours et faire de lui le jouet des puissants. Guillaume est présent sur les champs de bataille, mais c'est dans l'ombre que se trament les complote et les jeux d'influence(s). En trois longs chapitres, l'auteur nous fait suivre le destin de Guillaume l'Hébreu, conté par le moine Bernardo, une histoire dans laquelle le devenir du héros se lie de plus en plus à celui de Witgar, le reine fugueuse. Et au fil des pages, c'est surtout le portrait de ces deux personnages qui se dessine.

Il faut un certain temps pour prendre ses marques dans cette histoire. Alors que les surprises et péripéties n'y manquent pas, le rythme de la narration reste volontairement mesuré. Charyn prend son temps pour immerger le lecteur dans cette période du moyen-âge et les événements contés, comme les personnages, sont singuliers. Plus d'une fois, Corb-Nez emprunte des chemins inattendus et c'est là l'une des richesses de cet album.

Une autre est incontestablement sa somptueuse mise en images par Emmanuel Civiello. Chaque planche constitue pratiquement un tableau et le dessinateur excelle autant dans la représentation de combats épiques que dans une galerie de trognes digne du Nom de la rose de J-J. Annaud. Cette partition graphique fait parfois flirter certaines ambiances du récit avec le fantastique, ce qui, précisons-le, ne le dessert en aucune façon.

Un album qui trouve aisément sa place dans la belle collection Signé !

Partager sur FacebookPartager
Pierre Burssens

Du même scénariste :

Little Tulip, par ,

Du même dessinateur :

Le Livre secret des Elfes, par , Emmanuel Civiello

Aussi sur le site :

24/07/2018