Mary Céleste

Tome 1 : Les enfants sauvages

Scénario : Rodolphe
Dessins et couleurs : Marc-Renier

Albin Michel

Retrouvailles d’auteurs et réminiscences romantiques

Malgré les deux excellents tomes de Melmoth, il aura fallu attendre quinze ans pour retrouver le scénariste Rodolphe et le dessinateur Marc-Renier au générique d’une nouvelle histoire bédessinée. Quinze ans après, les deux auteurs ayant connu le succès (l’un notamment avec la passionnante série Kenya réalisée avec Leo, l’autre avec l’ambitieux Masque de fer dû au bouillonnant Patrick Cothias), c’est avec un vrai plaisir que nous retrouvons enfin Rodolphe et Marc-Renier. Remarquons néanmoins qu’ils nous ont offert, à la fin 2006, un album consacré à l’élégante George Sand (une commande des éditions du Patrimoine).

Revoici donc notre scénariste au style caractéristique, pétri de références littéraires et de traditions populaires, et notre dessinateur au graphisme immanquablement reconnaissable par son trait ultra fin, ses couleurs inimitables, sa sensibilité à fleur de porte-plume. Avec Mary Céleste, les auteurs mettent en scène l’histoire romantique et inquiétante d’une grande adolescente qui, suite à la dramatique disparition de ses parents, est contrainte de vivre chez un oncle acariâtre, inquiétant, et terriblement intéressé par la fortune de la jeune fille dont il doit assurer la tutelle d’ici sa majorité ; sans aucune volonté de la lui restituer, quitte à la faire disparaître…

Dans une ambiance gothique franchement lugubre, le premier volet de ce diptyque met en scène la jeune Mary en lutte avec un destin qu’elle peine difficilement à saisir. Douée d’un don des plus particuliers – celui de pouvoir communiquer avec les spectres locaux –, elle va vite s’échapper et commencer, peu à peu, à décider de l’avenir de sa destinée.

Énigmatique en diable, totalement maîtrisé, le récit de Rodolphe, subtilement mis en scène par un Marc-Renier au mieux de sa forme, intrigue et interroge. D’autant plus que le titre générique de ce diptyque adopte le nom du « Mary-Céleste », du nom de ce mythique navire disparu en 1872 entre les Açores et le Portugal, et qui reste encore à ce jour l’une des plus grandes énigmes maritimes. Comme si l’histoire de la jeune Mary correspondait au drame vécu par l’épouse et la fille du capitaine de ce navire maudit ? L’histoire d’un bonheur à jamais perdu.