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Bobby Fischer : L'ascension et la chute d'un génie des échecs, par Wagner Willian, Julian Voloj (Les Arènes BD)

Bobby Fischer

L'ascension et la chute d'un génie des échecs

Scénario : Wagner Willian
Dessins : Julian Voloj

Les Arènes BD

Le jeu du Roi

La série Le jeu de la Dame, inspirée du roman de Walter Tevis, n'a pas seulement connu un grand succès sur Netflix. Elle a aussi attiré de nouveaux regards vers le jeu d'échecs, y compris ceux des éditeurs. Bamboo nous a ainsi dévoilé l'approche humoristique de Cazenove, Mic et Val avec Echec Epate, et Les Arènes BD nous proposent aujourd'hui ce biopic (réaliste) de Bobby Fischer initialement publié aux USA.

Véritable prodige ayant grandi dans un milieu modeste à Brooklyn, Bobby Fischer devient à 14 ans le plus jeune champion d’échecs des États-Unis. Jusqu’à son titre de champion du monde en 1972 où, en pleine guerre froide, il bat le Russe Boris Spassky, mettant ainsi fin à la suprématie soviétique. Au lendemain de cette victoire spectaculaire, à moins de 30 ans, adulé par le monde entier, il décide de mettre un terme à sa carrière et sombre peu à peu dans la démence.

Il entame alors une vie d’errance qui le conduira à l’exil. Alors que nous nous sommes souvenus de l'attaque du 11 septembre sur le World Trade Center, l'album nous rappelle les déclarations délirantes de l'ex-champion qui séjournait alors à Tokyo. Un élément parmi d'autres qui conduisirent à son exclusion de la fédération américaine des échecs, puis à son exil en Islande où il décéda en 2008. On peut y voir l'aboutissement d'une dérive progressive que retrace le scénariste Wagner Willian. Après des débuts timides, Fischer connaît une ascension fulgurante, devenant le Roi des échecs. Mais ses exigences, ses caprices diront certains, ternissent peu à peu son image, avant que la paranoïa, la folie et son intérêt pour des croyances douteuses le conduisent à en devenir le Fou.

Les auteurs parviennent à assurer un traitement agréable à ce sujet pourtant, a priori, peu bédégénique et Julian Voloj, dessinateur allemand travaillant aux USA, déjà auteur d'albums consacrés à Joe Shuster, Basquiat et Bartali,  l'enrichit même de quelques belles trouvailles graphiques. Le récit, linéaire, est structuré en sept chapitres et s'il ne laisse guère de place au supense ou à la surprise, permet de redécouvrir le destin hors normes d'une figure marquante du jeu d'échecs. Un destin passant du blanc lumineux au noir le plus profond. Précisons qu'il n'est pas nécessaire d'être joueur pour apprécier cet album.

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Pierre Burssens
15/09/2021