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La nuit des temps, par Christian De Metter d'après René Barjavel, Christian De Metter (Philéas)

La nuit des temps

Scénario : Christian De Metter d'après René Barjavel
Dessins et couleurs : Christian De Metter

Philéas

Un coeur sous la glace

Publié en 1968, La nuit des temps a dépassé le cadre de la SF pour s'imposer comme un classique populaire. Il est vrai que peu d'oeuvres de SF peuvent se targuer de plus de 2, 6 millions d'exemplaires vendus et de près de 40 000 livres encores écoulés annuellement aujourd'hui. C'est dire qu'une telle adaptation en BD ne pouvait être envisagée avec légèreté.

Familier de l'exercice avec Figurec (Fabrice Caro) Shutter Island (Denis Lehaene), Au revoir là-haut et Couleurs de l'incendie (Pierre Lemaître), Christian De Metter aborde La nuit des temps et signe un copieux album de près de 180 pages.

Les Expéditions Polaires françaises enregistrent le signal d'un émetteur sous la glace de l'Antarctique... L'expédition internationale découvre les ruines d'une civilisation disparue depuis 900 000 ans et les scientifiques du monde entier affluent vers le site pour aider à explorer et comprendre. Ils découvrent un objet ovoïde en or dans lequel se trouvent en état de biostase un homme et une femme dont les têtes sont recouvertes de casques d’or. Simon, médecin de l’expédition, décide de procéder au réveil des corps en commençant par celui de la femme, le corps de l'homme montrant des traces de brûlures sur le torse…

A partir ces éléments, René Barjavel construit un récit qui appelle à la réflexion sur nombre de sujets fondamentaux, questionnements toujours d'actualité.

Et c'est sans conteste l'un des intérêts de cette (belle) adaptation. En effet, Christian De Metter traite cet ouvrage de plus de 50 ans de manière très actuelle, en insérant dans le récit des technologies, des préoccupations et des moyens de communication d'aujourd'hui. Réseaux sociaux, marche pour le climat...  Et cela fonctionne, car les arguments du roman de Barjavel sont toujours aussi pertinents, et les différences de visions de l'existence entre Enisoraï et Gondawatrouvent écho dans toute l'incompréhension et l'intolérance qui existent encore entre les nations au au sein même de nos sociétés.

Christian De Metter s'octroie le temps et l'espace pour développer son adaptation et on ne ressent jamais, à sa lecture, l'impression d'un résumé ou d'une synthèse du roman initial. Graphiquement, l'auteur associe différentes techniques, favorise des palettes de couleurs différentes entre l'action au présent et les évocations d'Enea et de nombreuses planches méritent assurément que l'on s'y attarde.

Ajoutons à cela un soin tout particulier accordé à l'illustration de couverture et à son impression (encre dorée..) et on tient là non seulement une adaptation remarquable mais, on l'imagine, un des titres-phares de l'éditeur qui s'en est fait une spécialité et l'occasion de redécouvrir une oeuvre emblématique.

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Pierre Burssens

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10/01/2022