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Zoo - Tome 3, par Philippe Bonifay, Frank, collection Aire Libre (Dupuis)

Zoo

Tome 3

Scénario : Philippe Bonifay
Dessins et couleurs : Frank

Dupuis, collection Aire Libre

Zoo, et vint le temps d’en finir

« Je t’ai offert mon zoo quand tu n’avais que quatre ans. Quoi que la vie me réserverait, il serait à toi. Du premier jour, tu en as été la déesse. Tu es un rêve devenu vrai. » Au seuil de la mort, dans la solitude d’un bourbier de la guerre 14-18, le docteur Célestin, venu là pour mettre ses compétences de médecin au service des soldats, écrit une lettre à sa petite Manon. Partie le chercher, Anna le trouve déjà froid, cette lettre posée près de lui. Jusqu’alors, le Zoo vivait en presqu’autarcie, petite communauté mi-humaine mi-animalière, sorte de Paradis originel. Mais la Première Guerre mondiale a bouleversé l’équilibre du Monde, et le docteur Célestin s’était senti dans l’obligation de répondre aux besoins des hommes, laissant derrière lui son Grand Œuvre et ses problèmes.

Voici donc le tome 3 et dernier du merveilleux cycle Zoo. Il a fallu du temps pour en arriver là : le premier tome était sorti en 1994, le tome 2 en 1999. Mais quel épilogue pour ce petit univers merveilleux créé par la force d’un homme, défiant l’adversité sous toutes ses formes, les hommes, le temps qu’il fait comme le temps qui passe, la nature qui jamais ne perd ses droits… L’attente fut longue, donc, mais cela en valait la peine. Frank Pé et Bonifay montrent la guerre telle qu’elle fut sans doute, pitoyable, horrible, des soldats dépenaillés, en guenilles, misérables, proposent des planches très émouvantes, humaines.

Mais ce rêve éveillé du docteur Célestin, cette page de bonheur animalier, ce petit bout d’Afrique au fin fond de la Normandie a vécu, s’en est allé au gré de la mort des animaux et des besoins d’argent pour faire vivre ce qui reste de cette ménagerie si particulière. Certes, un tel zoo, un tel bonheur ne sont pas possibles, une telle communion avec les animaux n’est pas du domaine réel, pourtant on se laisse volontiers embarquer dans cette histoire. Et ces dernières 80 pages sont un bonheur, même si l’on peut regretter un final si dur. Heureusement que les auteurs laissent une petite porte d’espoir.

Un beau scénario, des dessins magnifiques, des couleurs chatoyantes, bref, une remarquable trilogie.

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Mickael du Gouret

À l'occasion de la publication de cet album final, les éditions Dupuis rééditent les 2ers tomes de Zoo sous de nouvelles couvertures spécialement réalisées par Frank.

Pour en savoir plus : entretien avec Frank (1994)

26/11/2007