La Rumeur

Scénario : Philippe Renaut
Dessins : David Barou

La Boîte à bulles-Enfin Libre

Ainsi vont les bavardages

Il était une fois un quidam à grand chapeau qui se promenait dans la campagne. Il marchait, marchait, marchait. Et croisa un jour un enfant promenant son chien, qui commença à lui parler. Mais lui ne répondait pas, il cheminait, simplement, vers un ailleurs quelconque. L’enfant tint donc conversation pour deux, surpris que son canidé Kronk apprécia l’homme alors que d’habitude l’animal ne souffrait pas la gente humaine. Chemin faisant, les voilà croisant d’autres personnes, un autre chien, un hameau, des hameaux, le père de l’enfant pas franchement content de voir son fils battre la campagne sans son autorisation…

Tous ces gens, sans cesse plus nombreux - comme chacun sait, le mystère attire -, au fil des bouts de civilisation urbaine croisés, croyaient voir en cet homme silencieux, désespérément ou heureusement silencieux, l’homme providence tant attendu, celui qui devait résoudre tous ces problèmes matériels qui pourrissent la vie des hommes, celui qui devait apporter LA solution - comprendre celle de chacun.

En un tableau sans fin, déplaçant ses personnages par double page, l’auteur réussit là une belle allégorie de la rumeur qui court la campagne, en laquelle chaque quidam se raccroche comme à une bouée de sauvetage, d’autant plus importante que le silence de l’homme au chapeau permet d’apprécier la force de son message muet à l’aune de ses propres désirs inconscients. Le titre de cet album laisse espérer quelque révélation forte, la lecture, dès les premières pages, laisse entendre qu’il n’en sera rien, mais qu’importe, déjà le lecteur est pris tel un poisson sur l’appât appétissant cachant l’hameçon…

Jusqu’à la chute finale. Sans commentaire. Sobre et efficace.