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Pierre qui roule : d'après l’œuvre de Donald Westlake, par Lax, collection Rivages/Casterman/Noir (Casterman - Payot & Rivages)

Pierre qui roule

d'après l’œuvre de Donald Westlake

Scénario, dessins et couleurs : Lax

Casterman - Payot & Rivages, collection Rivages/Casterman/Noir

Pierre maudite

Avec Pierre qui roule, Lax s’est attaqué à un personnage vraiment attachant, le cambrioleur new-yorkais John Dortmunder, entouré d’une fine équipe de haute voltige. Chacun a une spécialité, et l’addition de toutes ces qualités permet d’accomplir l’exercice de leurs missions illégales dans les (presque) meilleures conditions. En l’occurrence, ici, il s’agit de subtiliser une émeraude pour le compte d’un pays africain quelconque, moyennant honnête rémunération, naturellement. L’histoire ne se déroulera jamais dans le cadre défini par Dort’, et glissera au gré d’événements indépendants de toute volonté.

Donald Westlake, père de Dortmunder et de ses acolytes, s’est imposé comme un grand maître du roman noir (entre autres), maniant l’univers des cambrioleurs à la moyenne semaine et les casses ratés avec brio. Si plusieurs romans ont été adaptés sur le grand écran, rien n’avait été fait du côté de la bande dessinée. C’est désormais chose faite, grâce aux coups de crayon et de pinceau de Lax.

Il faut souligner que Lax s’attaque, avec ce livre, à la genèse de Dortmunder. Les amateurs de Westlake, habitués à se faire leur propre film des événements, seront peut-être un peu déroutés au début, puis cette ombre se dissipe bien vite, et l’on se plonge dans le déroulement du récit en se délectant par avance des tribulations impossibles de notre bande de héros foireux.

Et pas de déception : tout en respectant le rythme d’écriture, Lax réussit à imposer une vraie vision de ce roman, une relecture en somme, un autre regard. Dort’ est attachant (regarder notamment la page 65, excellent dialogue de sourds), on sent l’amitié dans sa bande de potes, l’atmosphère est sombre, avec un petit côté mal léché dans le dessin, un voile noirâtre, qui traduit parfaitement l’univers un peu glauque dans lequel tout ce beau monde s’ébat.

Voilà qui ne peut que donner appétence pour découvrir tout à la fois « Rivages/Casterman/Noir », nouvelle collection de Casterman, en coédition avec Payot-Rivages, et les polars de Westlake, édités chez Rivages/Noir. Avec ce petit conseil : commencez dans l’ordre, par Pierre qui roule donc.

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Mickael du Gouret
08/06/2008