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Jeanne de la Zone, de Frédérique Jacquet et Étienne Davodeau, collection L'Histoire sensible (Éditions de l’Atelier)

Jeanne de la Zone

de Frédérique Jacquet et Étienne Davodeau

Éditions de l’Atelier, collection L'Histoire sensible

La vie au-delà des fortif’

Frédérique Jacquet et Étienne Davodeau font vivre, dans Jeanne de la Zone, une fille au début du XXe siècle dans la zone inconstructible au-delà des Fortifications dont le rôle était de permettre la défense de Paris. Frédérique Jacquet conte une vie dure, rude même. Ainsi, les hommes exercent des métiers difficiles, tel celui de chiffonnier, qui rendait un service de recyclage aux beaux quartiers.

Mais, malgré les difficultés de la vie quotidienne, la Zone abrite une vraie communauté, solidaire, conviviale, attachante, et préfigure ce qui deviendra la « banlieue ». Le lieu a marqué les esprits, les inconscients, l’Histoire aussi, l’abreuvant d’expressions et d’habitudes. C’est bien de là que vient le terme « la zone » et ses dérivés, tel « zonard ». Un journaliste d’alors, pour dire tout le mal qu’il pensait de ces gens-là, utilisera le mot « apache » pour désigner ceux qui, des décennies plus tard, se feront appeler « les blousons noirs » dans les années soixante ou « la racaille » aujourd’hui.

Au-delà des mots, des anecdotes, de l’histoire, il y a aussi le dessin, avec Étienne Davodeau à la manœuvre. Avec son humanisme habituel, le dessinateur des Mauges s’est attaché à « montrer » les habitants de la Zone… Si ce livre n’est pas une bande dessinée, il s’inscrit en droite ligne du travail qui intéresse Étienne Davodeau : la vie des gens, une certaine histoire de la France, le regard de Jeanne sur ce qui l’entoure, plein d’étonnement et d’envie de vivre, de candeur aussi. Ici, le dessinateur est bien plus qu’un simple illustrateur, plutôt un apporteur d’images, un « concrétiseur » de vies.

Loin de se limiter aux ados, comme la couverture le laisse supposer, Jeanne de la Zone se conçoit, selon Frédérique Jacquet, « comme un livre de partage, pour ouvrir le dialogue, pour réfléchir sur ce dont on hérite sans savoir que l’on en hérite »… D’autant qu’une partie de l’ouvrage est consacrée à des définitions et repères, très utiles. Un livre pour tous, donc.

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Mickael du Gouret
31/10/2008