
Le Samaritain
Bethsabée de Jérusalem
Scénario : Fred Le Berre
Dessins : Michel Rouge
Couleurs : Corentin
Les Humanoïdes associés
Un bon polar historique
Les Humanoïdes associés avaient créé la collection Dédales rassemblant des séries historico-policières à l’instar de Novikov de Patrick Weber et Bruno Brindisi. L’une d’entre elles, la Porte d’Ishtar d’Alain Paris et Simon Dupuis, prévue sous ce label, a été éditée hors collection en 2008, Dédales étant finalement abandonné. Pour poursuivre la série Shimon de Samarie dont deux tomes sont parus, les éditeurs l’ont rebaptisée le Samaritain, autrement dit l’habitant de Samarie, capitale du royaume d’Israël.
Comme dans la Porte d’Ishtar, le héros est un juge. Rabbi Shimon enquête sur les crimes qui se passent non à Babylone, mais en Judée dans le siècle précédent notre ère. Esther, fille des notables juifs Aaron et Judith de Jérusalem, a épousé le riche romain Decimus Quintus Paterculis. Leur couple fonctionne mal. Lui semble préférer les orgies sexuelles alors qu’elle a une liaison avec une autre femme. Quand on retrouve l’épouse égorgée dans une maison de débauche, les soupçons se tournent bien vite vers le mari volage. Pourtant, en démarrant son enquête, le représentant du préfet Valérius Gratus a pour seul indice un bijou exotique qui semble désigner Scipio, l’esclave noir de la défunte…
Cette fresque sur fond historique est une vraie étude des mœurs. La confrontation de la société juive et de l’occupant romain, des affairistes et de leurs victimes, des hommes libres et des esclaves, mais aussi la réaction face à l’adultère, l’homosexualité et le multi-partenariat. Fred Le Berre est également le co-auteur de Galata avec Alain Paris et Stefano Palumbo. Il conduit ici l’enquête du juge presque toujours accompagné de son jeune apprenti, Réouven, un peu comme Alix et Enak, à travers les diverses composantes de la société palestinienne.
L’histoire se transposerait facilement à l’époque contemporaine. Le dessin réaliste de qualité de Michel Rouge s’attache à rendre vivant l’ensemble des personnages au milieu de décors un peu minimalistes, mais une ambiance bien rendue par les couleurs de Corentin Rouge.