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La loi du Kanun - Tome 1 : La dette de sang, par Jack Manini, Michel Chevereau, collection Grafica (Glénat)

La loi du Kanun

Tome 1 : La dette de sang

Scénario : Jack Manini
Dessins : Michel Chevereau
Couleurs : Jack Manini

Glénat, collection Grafica

Albanie 1974. Leka, orphelin d'un père russe rentré au pays et d'une mère albanaise morte en l'enfantant, est élevé par Nikita, exclu du PC russe pour ses tendances homosexuelles. Livrés à eux-mêmes, le vieil ivrogne et l'enfant pratiquent toutes sortes de rapines et autres coups foireux.

Leka, qui vit en marche de la société, semble se satisfaire de cette vie insouciante basée sur le profit vite fait. Pourtant deux évènements d'importances vont orientés de manière définitive son entrée dans l'adolescence. Le premier, c'est d'assister de visu à l'application de la loi du kanun encore en vigueur dans le nord du pays (loi équivalent plus ou moins à la vendetta sicilienne). Le deuxième, c'est sa rencontre avec Sose, la fille du médecin.

Avec cette dernière, le jeune Albanais va pénétrer dans un monde nouveau fait de culture, avec le cinéma noir et blanc américain, et d'héroïsme par l'intermédiaire de son initiation à l'escrime. Cette nouvelle existence qui aurait pu largement satisfaire Leka est ternie par les sombres desseins de Nikita : s'emparer des richesses du médecin.

Ayant pris la loi du kanun, responsable de nombreux désastres familiaux, Manini , dessinateur de l'Archange Robert , Cobaye ou encore Estelle , s'essaye une nouvelle fois au scénario. Essai réussi. En quelques planches, il nous plonge dans l'univers des compagnes albanaises pétries de pauvreté et de labeur. D'un intérêt historique indéniable, il nous conte l'histoire d'un garçon déchiré entre la reconnaissance d'un ivrogne prenant « soin » de lui et la naissance d'un amour auprès d'une jeune fille pétrie de nobles valeurs.

Les images réalistes de Chevereau se succèdent et nous renseignent largement par leurs nombreux détails sur les conditions de vie pénibles que ce peuple a connu dans les années soixante quand le gouvernement s'est détourné de Moscou pour s'enfermer dans l'autarcie la plus totale. Le tandem Manini-Chevereau, déjà connu pour un travail précédent, réalise le premier tome d'une nouvelle série qui, soyons-en sûr, devrait être promise à un bel avenir.

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Cristian
07/06/2005