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Blacksad - Tome 3 : Âme rouge, par Juan Dìaz Canales, Juanjo Guarnido (Dargaud)

Blacksad

Tome 3 : Âme rouge

Scénario : Juan Dìaz Canales
Dessins et couleurs : Juanjo Guarnido

Dargaud

Blacksad, pris en main par le destin, se retrouve garde du corps d'un ignorant friqué. Lors d'une exposition de peintures monumentales où il accompagne son nouvel employeur, Blacksad tombe sur un flyer annonçant une conférence sur l'utilité de l'énergie atomique. Seul le nom d'Otto Lieber, en lice pour le prix Nobel, inscrit sur le prospectus, le pousse à y assister. Otto était en effet une personne militant contre l'ignorance et la pauvreté dans le quartier où vivait alors le jeune Blacksad. Sans le vouloir, le privé se retrouve au centre d'une guerre d'influence dont l'épicentre serait la maîtrise de l'arme atomique.

Après les envies mégalomaniaques d'un patron véreux, le racisme porté aux nues par toute une communauté bien pensante, les auteurs nous entraînent dans les profondeurs obscures du pouvoir de l'atome. Se basant sur les sombres heures de l'histoire américaine de l'après-guerre, ils revisitent la période que fut la Chasse aux Sorcières. L'Amérique, prise de crises paranoïaques, mit en place un système répressif sans précédent afin d'éliminer les penseurs rouges à visions soit disantes non démocratiques. Elle vivait, en quelque sorte, son Inquisition.

Ayant largement recours à la personnification, comme le fit en son temps un certain Jean de La Fontaine, Canales et Guarnido croquent et critiquent notre société occidentale. Tout aussi féroces et sans concession pour les dérives du pouvoir et de l'abject que dans les précédents albums, ils campent Blacksad dans le rôle d'un chevalier des temps modernes vivant dans une forme d'abnégation, n'ayant droit ni au repos, ni à l'amour. Il est, à l'instar d'Hercule dont il pourrait se valoir quant à sa carrure et son courage, le jouet du Destin. La force de Blacksad est de rester intègre tout au long de ses aventures promothéennes. Il traîne constamment dans la merde sans que jamais elle ne l'atteigne.

Les travaux préparatoires, impressionnants, de Guarnico, s'offrent à nos yeux, et en détail, dans l'ouvrage Blacksad - L'histoire des aquarelles , également proposés chez le même éditeur. Ils nous permettent de mieux comprendre l'implication d'un auteur pour son œuvre. Il y apparaît que chaque élément du décor est pensé, pesé, soupesé, que chaque expression est longuement mûrie et qu'aucune couleur n'est choisie par hasard.

Couplé à une intrigue efficace, ayant en plus un effet mémoire qui semble manquer aux jeunes générations Mc Do, ce troisième tome est sûrement le plus abouti de la série.

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Cristian
18/11/2005