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Malgré nous - Tome 1 : Elsaß, par Thierry Gloris, Marie Terray (Quadrants)

Malgré nous

Tome 1 : Elsaß

Scénario : Thierry Gloris
Dessins et couleurs : Marie Terray

Quadrants

Destinées contrariées...

En cette rentrée, plusieurs éditeurs proposent des albums sur la Seconde Guerre mondiale
que ce soit chez Glénat avec Il était une fois en France de Sylvain Vallée et Fabien Nury ou l’Alternative d’Edouard Chevais-Deighton, Stéphane Agosto et Philippe Hooghe, chez Casterman avec Vent Printanier de Philippe Richelle et Pierre Wachs, Amours fragiles de Philippe Richelle et Jean-Michel Beuriot ou Airborne 44 de Philippe Jarbinet et encore Clair de Lune avec Méprise de Claire Bigard. Difficile d'échapper aux croix gammées... Quadrants propose de lever le voile sur une dure réalité alsacienne et lorraine : les 130.000 Malgré nous, ces enrôlés de force dans l’armée allemande.

Alsace, 1941. La région est passée sous coupe réglée par l’Allemagne nazie qui germanise la société à tout va. Louis Fisher est un jeune étudiant strasbourgeois dont le père a perdu son bras droit durant la grande Guerre du côté allemand, le frère aîné est tombé lors de la guerre éclair de 1940 du côté français, la sœur Mathilde sort avec un soldat allemand. La famille symbolise les tiraillements de l’Alsace entre la France et l’Allemagne depuis 1870. Francophile et épris de liberté, Louis brave le couvre feu pour aller retrouver en cachette Anette Lux, la fille d’un directeur de clinique, dont il est amoureux. Un jeu dangereux quand les Allemands engagés dans l’opération Barberousse recherchent avidement des soldats pour le front russe…

Présenté comme une histoire romantique, ce récit de Thierry Gloris brosse avec une belle acuité et une grande crédibilité une situation vécue par de nombreuses familles du Quart Nord-Est. L’histoire s’enfonce progressivement vers le piège d’enrôlement dans la Waffen SS dont Louis Fisher aura bien du mal à se sortir. Cette saga familiale est mise en images en couleurs directes – des aquarelles très diluées – par Marie Terray qui réalise là un très beau premier album plein de sensibilité.

Le lecteur pointilleux regrettera quelques fautes germanophones ("Fisher" au lieu de "Fischer", "sig heil" au lieu de "Sieg heil", "warte mich" au lieu de "warte auf mich"). Mais ce bémol de pure forme ne vient en rien entacher ce premier épisode riche en sens et en émotions.

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Manuel F. Picaud

Du même scénariste :

Saint-Germain - T1

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Pour en savoir plus : le blog de Marie Terray

26/09/2009