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Duel, par Renaud Farace (Casterman)

Duel

Scénario, dessins et couleurs : Renaud Farace

Casterman

Pour l'honneur...

Alors que Napoléon affronte l'Europe entière dans un bras de fer impitoyable, il veille à préserver toutes ses forces en interdisant les duels qui saignent à blanc sa Grand Armée. Mais deux hussards, pour une obscure affaire d'honneur, s'entête à se défier... De duel en duel, les frères d'armes devenus ennemis scellent leurs destins et entrent dans la légende. La haine rendrait-elle immortel ?

La postface de cet imposant roman graphique (192 pages !), rédigée par Vincent Petit, nous apprend que Renaud Farace prit des cours d'escrime dans sa jeunesse. Peut-être faut-il y voir une des raisons de ce choix thématique ? Mais derrière le duel, ou plutôt les duels que se livrent les principaux protagoniste, existe aussi une dimension de dualité, qu'explore également Renaud Farace, psychologue de formation...

Duel constitue l'adaptation d'une nouvelle de Joseph Conrad, inspirée de faits réels survenus au sein de la Grande Armée de Bonaparte. Une nouvelle qui a également inspiré Les Duellistes, le premier long métrage de Ridley Scott (Alien, Blade Runner, Gladiator...). On y suit les affrontements réguliers de deux lieutenants de cavalerie : Féraud, le bouillant gascon, et D'Hubert, flegmattique et discipliné. Deux personnalités totalement différentes que tout oppose et qui, pourtant, possèdent quelque chose de complémentaire. Duels d'honneur, provocations, duels pour les yeux d'une belle, les deux bretteurs signent leur histoire à coups de sabre au gré de l'épopée napoléonienne et de l'aube de la Restauration.

Renaud Farace porte cette histoire en images d'un trait souple et lâché. Un choix qui, au début, déconcerte quelque peu, mais qui séduit peu à peu au fil des pages, tant celui parvient à traduire la fougue des personnages principaux. Une sensation encore amplifiée par l'utilisation de la bichromie pour les scènes de duels, le rouge exprimant fort bien le côté sanguin des duellistes, l'urgence de l'instant et...le sang, versé ou pas ! On y appréciera aussi nombre de planches spectaculaires dans lesquelles l'auteur emploie fort judicieusement les ombres.

Aussi absurde que titanesque, on suit avec intérêt la rivalité des deux hommes. Certains passages peuvent paraître un peu longs, mais ce volumineux Duel ne se lit pas d'une traite.  A découvrir...progressivement !


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Pierre Burssens

Pour en savoir plus : Le blog de Renaud Farace

14/08/2017