Deux Hommes en Guerre
Tome 1 : Le Ministre et l'Espion
Scénario : Stephen Desberg et Claude Moniquet
Dessins et couleurs : Jef
Le Lombard, collection Troisième vague
Entre gratitude et menaces
L'alliance étrange entre un ancien agent de la DGSE, aujourd'hui reconverti dans l'espionnage industriel, et un futur candidat à la présidence. L'espion et le ministre n'ont rien en commun mais ils devront coopérer face à un complot politique particulièrement vicieux.
S'inspirant des multiples "casseroles", supposées ou réelles, entachant le passé de certains hommes politiques, Stephen Desberg explore, avec ce tome 1 de Deux hommes en guerre, la relation liant un ex-ministre, candidat à la présidence française, et un ancien agent de la DGSE. Ce dernier croisé l'homme politique une première fois à Beyrouth, et lui a sauvé la vie. Mais lors de leur deuxième rencontre, à Moscou, le candidat à la présidence se trouvait dans une situation potentiellement nettement plus compromettante. Entre gratitude et menaces, il fait pourtant appel à Charles pour déjouer un complot conduit par sa principale concurrente à la tête de son propre parti politique.
Réputé pour ses thrillers, et secondé pour l'occasion par Claude Moniquet, journaliste et...ancien de la DGSE, Stephen Desberg nous fait ici découvrir une toile d'araignée patiemment et cruellement tissée par des hommes et femmes de l'ombre qui semblent souvent à la solde du plus offrant. Les basses besognes s'exécutent sur le terrain, mais les décisions et stratégies se définissent dans des bureaux cossus.
Le savoir-faire du scénariste n'est plus à démontrer, et dès les premières pages le lecteur est ferré avant d'aller de surprise en surprise. L'intrigue se déploie précisément, les scènes d'action ne manquent pas, mais les auteurs
n'en oublient pourtant pas l'aspect humain, avec un personnage central vieillissant, atteint d'une maladie orpheline, et hanté par les regrets de son passé. On devine, dès ce premier épisode, que la mission qui lui est confiée constituera une sorte de baroud d'honneur.
Le découpage, spectaculaire et très dynamique, donne souvent l'impression au lecteur de suivre l'action au plus près, et on serait même tenté d'ajouter caméra à l'épaule. Hélas, si la mise en images de Jef est efficace, elle n'est pas exempte de défauts. Le recours à la photo et aux effets informatiques y est fort voyant, et certains visages deviennent vite grimaçants. Une barrière que l'on devra franchir afin d'apprécier ce thriller captivant.