Gloria Victis
Tome 4 : Ludi Romani
Scénario : Juanra Fernãndez
Dessins : Mateo Guerrero
Couleurs : Javi Montes
Le Lombard
Le sable et le sang
La vengeance est devenue la seule raison d'être d'Aelio. Aveuglé par la haine, il a fait un long voyage au cours duquel il s'est révaillé chaque matin avec un seul objectif en tête : se retrouver face à Victor. Sa soif de vengeance et sa quête incessante le conduiront à Rome où il affrontera enfin Victor dans la plus spectaculaire des arènes.
Rappelons que c'est la découverte d'une stèle funéraire dédiée à un aurige, Aelio Hermeros, au musée archéologique de Cuenca (Espagne) qui a inspiré à Juanra Fernandez, cinéaste et écrivain, le point de départ de cette série qui trouve son aboutissement avec ce quatrième et dernier album. Aelio arrive à Rome, suivi par ses amis. Beaucoup de choses se trament du côté de l'amphithéâtre Flavien (premier nom du Colisée), et alors que l'on pouvait logiquement s'attendre à ce que l'affrontement final entre Aelio et Victor se déroule lors d'une course de char, les auteurs prennent de court le lecteur en le conduisant vers autre chose, inattendu mais non moins spectaculaire !
Le scénario de Juanra Fernãndez fait lentement monter la tension jusqu'à cet affrontement final. Les épisodes précédents nous ont fait découvrir que, comme pour certains sports-spectacles contemporains, ce n'était pas seulement sur la piste que se jouait la course de chars. Propriétaires, éleveurs, managers, financiers...autant de personnages aujourd'hui présents dans les coulisses du sport et qui déjà, sous d'autres appellations, jouaient leur rôle (plus ou moins clairement) dans l'antiquité. Aelio paraît ainsi balloté, manipulé ace aux nombreux intérêts en jeu, qui, à Rome, prennent encore une autre dimension. Seul son désir de vengeance assure sa détermination.
Mateo Guerrero clôture cette belle série en apothéose. L'affrontement final est spectaculaire à souhait et son dessin se décline sur un découpage très efficace. Les pages précédentes comportent moins d'action, mais les auteurs nous y ménagent quelques belles surprises, comme cet attelage à 10 chevaux (!) que doit mener Aelio. L'atmosphère générale, et la démesure écrasante de la capitale de l'Empire ne sont pas sans rappeler le Gladiator de Ridley Scott. Une référence enviable !
Sur la dernière planche, l'amertume domine. Mais peut-être est-ce, au final, celle-ci qui offre à la série sa véritable dimension tragique. Les auteurs nous auront fait découvrir une facette peu connue de l'antiquité romaine et nous auront offert quatre beaux albums dans lesquels on se replongera avec plaisir. Gloria Victis !