La route de Tibilissi
Tome 1
Scénario : David Chauvel
Dessins : Kosakowski
Couleurs : Lou
Delcourt, collection Terres de légendes
Sur la route
Jake et Oto, deux jeunes enfants, voient leurs parents se faire assassiner sous leurs yeux par des miliciens masqués. Portés par les derniers mots de leur père : « Allez à Tibilissi ! », ils s’enfuient. Mais avant de rejoindre cette ville, ils repassent par leur village dévasté pour y récupérer des vivres. Là, le cadet retrouve ses deux amis Doubie et Trois-Trois, une drôle de bestiole à fourrure et un robot rafistolé qui vont les accompagner tout au long de leur dangereux voyage…
Il aura fallu 10 ans et un dessinateur inconnu pour que David Chauvel parvienne à mener ce projet à son terme. Une attente qui n’est pas vaine tant le résultat final est à la hauteur des attentes. Dans ce road movie initiatique de près de 180 pages, les héros, comme les lecteurs, découvrent ce monde en guerre qui ressemble au notre sans y ressembler vraiment. On ignore à quelle époque le récit se situe : les habits et les armes font penser au médiéval, les dragons à la fantasy et le robot à la SF. Et puis il y a Tibilissi qui, à une lettre près, donne Tbilissi, la capitale de la Géorgie. On ignore, même si on peut le deviner assez facilement, qui sont les créatures qui accompagnent nos héros : la bestiole poilue de style manga qui semble sortir d’un Miyazaki et le robot. Tout cela rend plus intriguante et palpitante cette fuite dans un pays ravagé par la guerre.
Les héros sont très attachants, l’humour aide à passer les moments difficiles, violence et poésie se mêlent jusqu’à un final inattendu et qui éclaire le périple d’un jour nouveau. Le dessinateur californien dont c’est la première BD nous livre une partition aussi réussie que le scénario : personnages semi-réalistes très expressifs, ambiance dans des décors enneigés, mise en scène… tout est top. Bref, une histoire dépaysante sur la guerre, la vie, la mort, l’enfance qui ravira tous les lecteurs qui prendront la route de Tibilissi.