Un escalier de sable
Scénario : Benjamin Legrand
Dessins : Djillali Defali
Couleurs : Cyril Vincent
Le Lombard, collection Troisième vague - one-shot
Mémoire de sang
Dans un futur proche, des militaires français sont envoyés aux portes du désert libano-syrien. Leur mission: protéger le chantier de reconstruction d'un pont. Les soldats montent un camp face à une inquiétante ville en ruine et une pénible attente commence, sous un soleil de plomb. Elle est soudain rompue par un mystérieux sniper, visiblement décidé à abattre un soldat par jour.
Thriller, aventure militaire, suspense psychologique ? Difficile de cataloguer Un escalier de sable, d'autant plus que son atmosphère flirte parfois avec le fantastique... Avec ce one-shot Benjamin Legrand adapte en BD son propre roman publié aux éditions du Seuil en 2012. Son récit est foisonnant, et l'auteur y conjugue différentes approches qui, a priori, pourraient sembler disparates. Mais peut-être le fait-il pour démontrer la complexité des conflits actuels, qui sont loin de se résumer à des affrontements armés.
Le premier adversaire du groupe de soldats mis en scène est l'ennui, et les auteurs nous le font bien ressentir dans la première partie de l'album, alors que des tensions apparaissent. L'humain, avec ses faiblesses et ses contradictions reprend le pas sur une mission commandée qui paraît absurde. L'action se précise ensuite, dans une ambiance et un contexte très particuliers, et on mesure que les "héros" d'Un escalier de sable sont finalement de petits pions perdus dans une partie dont les enjeux les dépassent.
L'adaptation d'un roman n'est guère chose aisée, et on le constate ici à travers l'utilisation de nombreux et longs narratifs qui ont parfois tendance à alourdir et freiner l'action...et la lecture ! Sans doute une pagination plus importante eût-elle été préférable afin de distiller les différents arcs narratifs qui s'entrecroisent dans cette histoire.
Djillali Defali apporte un soin marqué à sa mise en image. Plus d'une fois, on a la sensation d'assister à un reportage de terrain. Les décors sont soignés , comme les représentations de matériel et véhicules militaires. Hélas, hormis le lieutenant Devarrieux, principal personnage féminin, il n'est pas toujours aisé de reconnaître les protagonistes aux équipements surchargés.
La fin de l'album est déconcertante, et si Un escalier de sable, dans sa version BD, ne convainc pas totalement, reconnaissons qu'il conserve un caractère intrigant non dénué d'intérêt.