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La farce des hommes-foudre, par Loïc Verdier et Matthieu Alexandre, Loïc Verdier (Casterman)

La farce des hommes-foudre

Scénario : Loïc Verdier et Matthieu Alexandre
Dessins : Loïc Verdier
Couleurs : Nicolas Vilet

Casterman

Le beatnik, les guerriers, les esprits...

Printemps 1959, Albertus, un jeune Européen venu au Népal avec un groupe d’amis, y croise Dolma, une jeune Tibétaine farouche et énigmatique. Cette rencontre le conduit malgré lui au Tibet, auprès des guerriers Khampas. Ces cavaliers nomades, surnommés les Hommes-Foudre par les Tibétains, mènent une guérilla contre l’armée chinoise, aidés secrètement par la CIA, et préparent une opération des plus sensibles…
 
Une rencontre, celle entre Loïc Verdier et le reporter-photographe Matthieu Alexandre est à la base de La farce des hommes-foudre. Loïc Verdier avait, jusque là, réalisé des récits courts, mais l'histoire des Khampas retrouvée par Matthieu Alexandre et l'étonnante opération (rebaptisée) Fat Baby menée par ces guerriers cavaliers avait de quoi nourrir un projet de BD, et même de roman graphique aujourd'hui décliné dans un imposant album de plus de 160 pages.
 
Pas de doute, le dépaysement est au rendez-vous dès les premières pages du bouquin, et c'est avec plaisir que l'on assiste à la prise de conscience d'Albertus, beatnik désoeuvré et fort mal entouré, et à son choix (presque malgré lui) d'épouser la cause des Khampas, ces guerriers cavaliers qui résistent à l'invasion chinoise. Dès lors Albertus se trouve projeté dans une véritable saga, marquée notamment par une implication discrète et...distante de la CIA et l'étonnante rencontre du fils de l'auteur de Sherlock Holmes !
 
A travers l'aventure d'Albertus, imaginaire mais inspirée d'événements réels, Loïc Verdier nous fait découvrir un épisode peu connu de l'Histoire contemporaine et nous livre un tableau moins idyllique que celui imaginé par ceux qui empruntaient les chemins de Katmandou. Certes, on lit une BD d'aventures peu avare en rebondissements; on découvre son héros plongé dans des situations surréalistes; on sourit plus d'une fois mais on apprend  surtout beaucoup de choses quant au Tibet, à son histoire et à ses ethnies nomades, avec davantage de nuances qu'à travers les clichés habituels. Un dossier documentaire (agrémenté de fort beaux portraits) complète judicieusement l'album et établit la distinction entre les faits authentiques et l'apport de l'auteur. 
 
Graphiquement, l'histoire se décline en un dessin très actuel mais souple et efficace, qui se plie aisément au rythme soutenu de l'aventure. Avec un premier album d'un tel intérêt et d'une telle ampleur, Loïc Verdier est assurément un auteur à suivre.

 
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Pierre Burssens
25/09/2018