Dent d'ours
Tome 6 : Silbervogel
Scénario : Yann
Dessins : Alain Henriet
Couleurs : Usagi
Dupuis
Vol sans retour
La destruction de New York est imminente. Plus déterminée que jamais, en dépit de ses récentes découvertes sur les traitements infligés aux Juifs par ses compatriotes nazis, Hanna se dit prête à voler aux commandes du Silbervogel, le tout dernier bombardier issu des hangars allemands. Cette merveille de technologie larguera la bombe atomique sur la Grosse pomme, telle une vengeance secrète à laquelle personne n'aurait pu se préparer. S'il est encore un homme qui puisse interrompre les opérations et couper court à ce massacre programmé, c'est sans conteste Werner. Certain d'agir pour le bien, il n'en doit pas moins assassiner son amie d'enfance. Un acte terrible auquel il ne peut se résoudre...
Dent d'ours arrive à son terme avec ce sixième tome, et le moins que l'on puisse dire est que ce Silbervogel n'est pas avare en surprises. Le IIIe Reich vit ses dernières heures et les plus fanatiques des SS projettent toujours la destruction de New-York avec cet appareil hors du commun. Mais l'Allemagne est déjà aux mains des alliés et les américains entament une course contre la montre pour mettre la main sur un maximum de la technologie nazie et des savants qui ont permis son élaboration. Dès les premières planches de l'album, les enjeux sont habilement rappelés par le scénario de Yann, qui va ensuite se développer sous forme d'un long suspense, sans faiblesse tout au long de cet ultime épisode.
Mieux, le scénariste laisse plusieurs fois les lecteurs sur leur faim et remplis d'incertitudes avant de les récupérer et les rassurer en apportant les réponses à leurs questions quelques pages plus loin. Les retournements de situations sont nombreux et complètement inattendus et il est vraiment difficile de déposer cet album une fois sa lecture entamée. Les pistes esquissées lors des épisodes précédents trouvent leur aboutissement, et pas uniquement en ce qui concerne les aspects purement militaires. Les gosses qui avaient découvert la caverne de l'ours voient eux aussi leurs destins basculer à jamais.
Entamée en 2013, la série a vu ses albums publiés avec beaucoup de régularité, et a surtout véritablement révélé l'élégance du dessin d'Alain Henriet. On connaissait déjà l'auteur via Damoclès (scén. Callède) mais son talent -et sa capacité de travail- ont explosé sur Dent d'ours. Personnages, décors, matériels, uniformes...il est à nouveau fort difficile de prendre le soin et la précision du dessinateur en défaut à bord de ce Silbervogel jalonné de scènes spectaculaires. On saluera aussi le remarquable travail d'Usagi au niveau des couleurs.
Dent d'ours se termine en apothéose. Mais que l'on se rassure, Yann et Alain Henriet nous concocteraient déjà, paraît-il, un nouveau projet combinant aventure humaine et aéronautique...