Ira Dei
Tome 2 : La part du diable
Scénario : Vincent Brugeas
Dessins : Ronan Toulhoat
Couleurs : Ronan Toulhoat et Rémy Pennarun
Dargaud
Le diacre
Plusieurs mois se sont écoulés depuis la prise glorieuse de la ville de Taormine. Maniakès a donné l'ordre aux troupes d'Harald d'attendre son armée à Catane. Mais l'inaction rend les soldats nerveux et la confiance qu'ils avaient placée en Tancrède s'effrite doucement. À présent, ce n'est plus un homme rusé et belliqueux qu'ils ont en face d'eux mais un homme mélancolique et docile qui s'en tient aux ordres. Pourtant, Maniakès voit en lui un adversaire de taille et compte donc bien se jouer de lui pour récupérer son or. Et pour cela, tous les moyens sont bons car, après tout, les alliés d'aujourd'hui sont les ennemis de demain... À nouveau, la colère jaillira !
Intrigues, trahisons, changements d'alliances...Ira Dei poursuit sur la belle lancée de son tome 1. Cependant, si celui-ci permettait de prendre pied dans une zone géographique et un aspect peu connus de l'histoire médiévale, La part du diable nous en apprend beaucoup plus sur les différents protagonistes et leurs motivations, et surtout sur le lien existant entre Robert, dit Tancrède, et le diacre Etienne. On découvre ainsi progressivement le rôle réel joué par ce dernier, personnage bien plus redoutable qu'on l'imaginait. Une caractéristique fort bien mise en image par Ronan Toulhoat sur la couverture de l'album. Etienne, à genoux, pourrait sembler affligé, mais le regard qu'il lance au lecteur exprime tout le contraire.
Amateur d'histoire...et d'histoire militaire, Vincent Brugeas nous présente l'action de La part du diable comme un long flash-back qui précède la bataille de Troïna, en Sicile, à l'automne 1040 et, au cours de son récit, revient plusieurs fois à cet affrontement. Les alliances parfois surprenantes décrites dans L'or des Caïds sont fragilisées et certaines amitiés ne font pas le poids face aux intérêts en jeu, aux soifs d'or et de pouvoir. Le scénario ménage ainsi plusieurs retournements de situation et évoque le piège qui tend à se refermer sur Robert. Ami ou ennemi, chacun s'active essentiellement en fonction de ses propres intérêts. Le rôle de Robert dans ce nouvel opus est d'ailleurs davantage effacé, car l'on mesure qu'il n'est qu'un pion dans un jeu disputé par différentes puissances.
Ronan Toulhoat signe à nouveau une mise en images à grand spectacle. Ses scènes de batailles sont époustouflantes de puissance et de mouvement, et les admirateurs de Frank Frazetta y noteront un amusant clin d'oeil au fameux death dealer. Mais on ne s'ennuie pas non plus dans des séquences plus intimistes et statiques, grâce notamment à un découpage très cinématographique et des cadrages peu usités.
Suite grandiose de L'or des Caïds, La part du diable vient déjà clôturer un premier cycle d'Ira Dei. Mais les auteurs évoquaient cinq autre cycles lors de notre interview... Les amateurs d'aventure médiévale boostée à la testostérone ont donc de quoi se réjouir !