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Dodo, par Felipe Nunes (Kramiek)

Dodo

Scénario, dessins et couleurs : Felipe Nunes

Kramiek

Oiseau de malheur ?

Lorsque les parents de Laila se séparent, elle ne comprend pas pourquoi sa vie a changé et pourquoi son père ne vient plus à la maison. Solitaire et confuse, Laila finit par se lier d'amitié avec un oiseau étrange qui vit dans le parc . Son amitié avec cet oiseau, un dodo nommé Ralph, emmène Laila dans un voyage inattendu et lui montre des choses sur son propre monde qu'elle n'avait jamais remarqué auparavant.

Papa est parti, Laila ne va plus à l'école, elle a le temps de s'ennuyer...mais aussi de se poser beaucoup de questions. Un jour, alors qu'elle observe par la fenêtre ce qui se passe dans le parc municipal tout proche, un drôle d'oiseau fait son apparition. Un dodo, ami imaginaire qui va l'aider, malgré elle, à comprendre ce qui se passe dans le monde des "grands", jusque là fort éloigné de son petit univers, et bien peu compréhensible.

Déjà traduit en plusieurs langues, cet album de Felipe Nunes a connu une sortie très discrète chez nous. Trop discrète, car l'approche de l'auteur espagnol sur un sujet aussi délicat que la perception du divorce chez les enfants ne manque pas d'intérêt. Laila, quelque part, est déconnectée du monde des adultes et ne comprend pas ce qui se passe. Maman manque de temps, est moins disponible, et les copains de la petite fille sont, eux, à l'école en journée. A priori sympathique (Felipe Nunes lui confère une bouille amusante), le dodo, ami imaginaire, va peu à peu se révéler gaffeur, destructeur et encombrant...  Ses bétises conduisent pourtant la petite fille dans le bureau, pièce qui lui était interdite dans la maison, et les mini-catastrophes provoquées par le volatile caractérient bien la violence des conflits des parents de Laila.

Un dessin humoristique dynamique décliné en grandes cases et des personnages expressifs associés à des couleurs flashy assurent une lecture fluide et agréable, mais plus d'une fois on est surpris par les chemins empruntés par l'auteur. Certaines séquences font sourire, mais globalement c'est tout de même l'amertume qui domine Dodo, et le ton général de l'album est plus dur que ce que l'on peut imaginer à première vue. De quoi le différencier suffisamment de la série Garde partagée de Pablo Velarde, basée sur le même sujet mais traité de manière  davantage humoristique, publiée chez le mêmle éditeur. Dodo, pour sa part, donne plutôt à réfléchir et attire l'attention sur l'incompréhension d'une séparation parentale vécue par de jeunes enfants.

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Pierre Burssens
16/11/2018