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Ballade, par Jean-Christophe Deveney et Nicolas Courty, David Combet (Grand Angle)

Ballade

Scénario : Jean-Christophe Deveney et Nicolas Courty
Dessins et couleurs : David Combet

Grand Angle

La rencontre

Louis s’ennuie dans sa vie d’étudiant de bonne famille. Il ne sait pas où il en est, il se pose des questions sur sa sexualité. Durant un séjour dans la maison familiale à Deauville, Louis se laisse aller à toutes les exagérations que lui permettent son âge et sa classe. Au lendemain d’une cuite en solitaire, il est surpris par Francis, un cambrioleur. Plutôt que d’appeler la police, il lui propose une virée où ils pilleront les maisons vides des richissimes amis de son père. L’occasion pour Louis d’avoir enfin des putains de vacances qui déchirent .

Baignant dans la caricature des jeunes de la haute bourgeoisie, à qui l'argent permet tous les excès et offre une espèce d'immunité morale, Ballade aurait, au départ, tout pour être agaçant. Et il faut, il est vrai, avoir parcouru quelques pages pour entrer peu à peu dans le récit de Jean-Christophe Deveney et Nicolas Courty. Louis semble, au début, bien creux, mais c'est très progressivement que l'on en vient à s'attacher à ce personnage, paumé à sa manière dans une vie devenue ennuyeuse parce que trop facile. Quand il rencontre Francis, sympathique cambrioleur, ce sont finalement deux mondes, deux conceptions de la vie, de l'existence qui se téléscopent. La graine de folie de Louis va faire le reste, et les deux garçons vont se lancer dans un road-trip, jalonné par les villas à piller sur les routes de France et dans des endroits aussi chics que surfaits.

Tout au long de cette Ballade déjantée, les deux amis vont se découvrir, et Louis va peu à peu grandir en maturité. L'intervention de l'excessif et détestable Baudouin permet, elle, d'ajouter un suspense bienvenu et de l'action à cette aventure ensoleillée...ainsi qu'une habile pirouette scénaristique finale. Quant au lecteur, il voit ses réserves initiales se dissiper progressivement et apprécie d'avoir pris place dans la Mehari empruntée par Francins et Louis.

Le dessin numérique de David Combet colle particulièrement bien au sujet et, par des couleurs bien choisies, l'auteur parvient à joliment restituer différentes ambiances. L'album est divisé en chapitres et chacun d'entre eux s'ouvre par un paysage, sorte de carte postale du lieu où se déroule l'action. A elles seules, ces images méritent que l'on s'y attarde.

Le chapitre final, un rien nostalgique, conclut le récit sur une note sensible, comme si, finalement, les deux héros avaient trouvé plus ou moins inconsciemment ce qu'ils cherchaient au bout de cette virée, en nous ayant fourni, au passage, un fort agréable moment de lecture.

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Pierre Burssens
16/05/2019