La pin-up du B-24
Tome 1/2 : Ali-La-Can
Scénario : Jack Manini
Dessins : Michel Chevereau
Couleurs : Jack Manini
Grand Angle
L'ange gardien
Pour Glenn, la tragédie qui survient en mai 1944 est totale. Le jour même du crash de son bombardier dont il est le seul survivant, le navire-hôpital Louisiana saute sur une mine en mer. À son bord, trois infirmières, Lana la femme de Glenn, Alice l’épouse de Fred son copilote et Candy celle de Johnny le bombardier. Tous disparus à jamais…Quinze ans plus tard, l’ancien major Glenn Baxter est missionné par une société de prospection pétrolière en Libye. Il compte en profiter pour tenter de retrouver l’épave de son bombardier et découvrir enfin ce qui est arrivé à son équipage.
En ouvrant Ali-La-Can, titre surprenant mais dont on comprend l'origine à la lecture de l'album, c'est en quelque sorte un hommage au nose art que l'on découvre, cette pratique qui amenait les pilotes, ou équipages, à doter leur appareil d'une mascotte porte-bonheur peinte sur l'avant du fuselage, le nez de l'avion. Du côté US où cette tradition fut la plus développée, peronnages de comics ou de Disney, sujets imaginaires et surtout pin-ups accompagnèrent ainsi les hommes dans toutes leurs missions...avec plus ou moins de réussite.
On pourrait ne voir dans La pin-up du B-24 qu'une BD de guerre ou d'aviation de plus, mais l'approche de Jack Manini est inédite et originale. En effet, le scénariste a choisi de nous raconter l'histoire de l'équipage d'un bombardier B-24 par la voix et à travers les yeux de celle qui orne le côté droit de sa cabine de pilotage. Celle-ci n'est pas née par hasard et est intimement liée à l'existence de trois membres de l'équipage. A partir d'une mission de prospection pétrolière se déroulant en 1959 -qui nous vaut un aperçu étonnant de la course aux parcelles, véritable ruée vers l'or noir, à laquelle se livraient certaines compagnies et Etats en Libye- et à la recherche de l'épave du B-24 Liberator, Manini entame un long flash-back.
Nous retrouvons alors Glenn, Fred et Johnny au sein de l'USAAF, attachés à cet avion qui deviendra Ali-La-Can. Les amateurs de BD aéronautique y trouveront leur lot d'aventure, de missions à haut risques et de détails historiques, mais les autres seront aisément séduits par l'aspect profondément humain et sensible du récit, jalonné de jolies scènes prenant place en Sicile, un rien nostalgique, un rien mélancolique...
Le dessin de Michel Chevereau, réaliste, comporte cependant un aspect dynamique et spontané qui lui permet d'aborder avec succès toutes les nuances de cette aventure. On constate que l'auteur n'a pas lésiné sur la documentation mais le poids de celle-ci ne vient jamais alourdir la mise en images d'une belle histoire. Même remarque du côté des dialogues qui nous permettent pour une fois d'échapper au jargon technico-folklorico-aéronautique souvent beaucoup trop abondant dans ce type de BD. Fait plutôt rare, le scénariste signe aussi les jolies couleurs de l'album. C'est donc avec curiosité et impatience que l'on embarquera sous la protection de La pin-up du B-24 pour en découvrir enfin les secrets dans le second volet de ce diptyque.