Transperceneige - Extinctions
Tome 1 : Acte 1
Scénario : Matz et Jean-Marc Rochette
Dessins : Jean-Marc Rochette
Couleurs : José Villarubia
Casterman
La fin et le début...
Sur la terre exsangue, surpeuplée, un groupe d’écolo-terroristes radicalisés décide d’accélérer le processus d’extinction et de déclencher une apocalypse climatique. Un milliardaire visionnaire chinois décide de les contrer. Obsédé par le survivalisme, depuis des années, il s’est préparé au pire scénario catastrophe : il a inventé un moteur autonome qu’il a intégré à une arche de Noé 2.0 se déplaçant sur rails, le Transperceneige.
Si l'anticipation post-apocalyptique est quasi devenue, à elle seule, un sous-genre du fantastique et de la SF, les causes de l'apocalypse en question sont, au mieux, très discrètement évoquées pour plonger directement le lecteur ou spectateur dans l'après. Roman (A suivre) -avant qu'on ne les nomme roman graphiques !- devenu un classique, le Transperceneige de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette donna lieu à une suite -Transperceneige Terminus- scénarisée par Olivier Bocquet en 2015. Avec Extinctions, prévu en 3 tomes, c'est cette fois pour un prequel que le dessinateur se replonge dans cet univers inquiétant. Et ici, pas question d'éluder les causes de l'apocalypse, puisqu'elles sont au centre du scénario imaginé par Rochette et Matz.
A côté des éco-terroristes du mouvement Wrath et des apocalypsters prêts à adopter la solution ultime pour nettoyer la terre de l'espèce humaine, sur une planète surexploitée et malade, le mystérieux Monsieur Zheng et sa surprenante invention représentent pour beaucoup un espoir de survie de plus en plus concret. Spécialiste des thrillers, Matz impprime au récit un rythme solide. On suit ainsi les manoeuvres des deux groupes, la présentation du train, l'itinéraire de futurs passagers, autant d'éléments qui ne laissent pas de place aux temps morts dans ce premier volet de 90 pages. De plus, des flash-backs effectués sur des catastrophes naturelles du passé semblent annonciateurs de...ce qui va survenir !
Les auteurs, on s'en doute, expriment leurs préoccupations écologiques à travers la fiction. Mais -et c'est ce qui ne peut laisser insensible à la lecture d'Extinctions- s'agit-il vraiment d'une fiction ? L'époque et le monde décrits sont tellement proches des nôtres, comme l'exploitation abusive et destructrice de notre planète qu'on en vient vraiment, en tous cas, à l'espérer, tout en sachant qu'il ne sert à rien de détourner le regard.
Le trait charbonneux de Jean-Marc Rochette répond parfaitement au contexte, alors que le dessinateur est doublement au centre de l'actualité avec la sortie simultanée d'un autre album en tant qu'auteur complet, Le loup, davantage dans la lignée d'Ailefroide. Comme Chauzy avec son Reste du monde, Rochette et Matz frappent où ça fait mal avec Transperceneige - Extinctions. Et c'est terriblement efficace ! Ce qui donne aussi à ce premier tome des allures d'effrayant avertissement...