
Voltaire, le culte de l'ironie
Scénario : Philippe Richelle
Dessins et couleurs : Jean-Michel Beuriot
Casterman
La faute à Voltaire...
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Château de Ferney, 1765, Voltaire reçoit son biographe. Lors d’entretiens, il raconte, des épisodes marquants de son parcours : enfance chez les Jésuites, premiers émois, découverte de l’écriture, désir d’ascension sociale, notoriété acquise par des pamphlets sulfureux, emprisonnement à la Bastille, exil en Angleterre, participation à l’Encyclopédie… Mais ce n’est pas parce qu’il évoque le passé qu’il en oublie d’être attentif à son temps, et particulièrement à l’affaire du chevalier de La Barre, un jeune homme exécuté pour crime contre le Christ et la foi pour avoir dégradé des symboles religieux.
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Le temps d'une (riche) parenthèse dans leur série Philippe Richelle et Jean-Michel Beuriot consacrent un biopic à un personnage aux multiples facettes : François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778). Les auteurs avaient depuis longtemps le désir de se pencher sur le siècle des Lumières. Ils le font avec brio à travers cet album passionnant. En effet, la vie de Votaire n'a jamais été un long fleuve tranquille. Entre succès et échecs, controverses et reconnaissance, il y avait là sans aucun doute -outre la renommée du personnage- matière à BD !
Philippe Richelle présente ainsi son récit comme librement inspiré de faits réels. Les rencontres de Voltaire et de son biographe permettent au scénariste d'évoquer des souvenirs par épisodes et d'échapper à une construction narrative purement linéaire. Alors que le dramaturge et philosophe se confie (avec humour) à son biographe, on suit le déroulement de l'affaire La Barre, qui va scandaliser Voltaire et l'amener à se battre pour réhabiliter la mémoire du chevalier et sauver ses complices en éveillant les consciences. L'histoire qui nous est livrée se révèle de cette manière particulièrement vivante et moderne et jamais on n'a l'impression de lire une pure évocation historique. Le scénariste nous invite à rencontrer un personnage étonnant et le rend rapidement attachant.
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Jean-Michel Beuriot aborde avec succès la couleur directe, appliquée à même le dessin réalisé au crayon. Ce dernier conserve un côté davantage spontané et expressif que pour Amours fragiles et ce travail sur les couleurs procure aux planches un rendu d'une exceptionnelle luminosité. Le dessinateur s'est, très logiquement, abondamment documenté comme on le mesure entre autres à travers ses très beaux décors ou l'évolution des costumes au cours des périodes abordées. Mais cette préparation, en amont, ne prend aucunement le pas sur l'ensemble. La lecture reste plaisante, fluide et légère.
Ce bel album, qui comptera assurément parmi ceux de cette rentrée BD 2019, est complété d'une intéressante interview des auteurs.