
Les Zola
Scénario : Meliane Marcaggi
Dessins et couleurs : Alice Chemama
Dargaud
Alexandrine, Emile et Jeanne
![]() |
En 1864, Emile Zola est encore jeune pigiste chez Hachette. Discret mais brillant, il rêve de devenir écrivain. Il rencontre auprès de ses amis, figures artistiques majeures en devenir (Cézanne, Monet, Manet, etc.), la vivante et énigmatique Alexandrine, alias Gabrielle, devenue modèle afin d'échapper à sa condition d'ouvrière. Mutuellement séduits, ils entament une relation amoureuse qui se conclura par un mariage tardif. En plus de sa vie, elle partagera avec Zola son histoire personnelle tragique, et celle de son milieu de naissance misérable...
La découverte de cette misère et de ce milieu au sein duquel il s'immerge afin de se documenter inspirera à Zola son cycle des Rougon-Macquart. Mais l'histoire prendra un tout autre tournant avec l'apparition de Jeanne dans la vie de l'écrivain. Plutôt que nous livrer un biopic classique consacré au célébrissime auteur de Germinal, Meliane Marcaggi et Alice Chemama choississent de raconter l'histoire de son couple, tant Gabrielle / Alexandrine influença l'inspiration et la construction de son oeuvre et combattit pour la reconnaissance de son mari après le scandale de J'accuse, sa fameuse lettre adressée au Président de la République en pleine Affaire Dreyfus. L'attitude d'Alexandrine face à Jeanne, qu'elle avait au départ engagée comme lingère, fut également inattendue, mais laissons le lecteur le découvrir à travers ce bel album...
![]() |
Pour les deux autrices, il s'agit d'une première expérience en BD et on peut saluer leur audace de s'attaquer à un tel sujet à travers un roman graphique de plus de 110 pages. Méliane Marcaggi nous fait découvrir le jeune Zola fréquentant les peintres impressionistes jusqu'au transfert de ses cendres au panthéon en 1908. Entretemps c'est à travers sa relation avec les deux femmes de sa vie que l'on suit son évolution et celle de sa carrière. La scénariste jalonne son récit des parutions des écrits d'Emile Zola, mais cet aspect littéraire, ou éditorial, ne prend jamais le pas sur l'histoire nettement plus intime sur laquelle repose l'album.
![]() |
Alice Chemama s'inspire du travail des impressionistes pour mettre en valeur un dessin actuel aussi lisible que plaisant. La toute première scène est d'ailleurs consacrée à la réalisation du fameux Déjeûner sur l'herbe d'Edouard Manet. La plongée dans le passé de Gabrielle/Alexandrine, traitée avec de larges aplats de noir, crée un contraste saisissant. Ensuite, le trait de crayon et les couleurs directes nous ramènent à plus de légèreté et de luminosité.
De quoi compléter une approche intimiste fort séduisante d'un géant de la littérature.