Cézembre

Tome 2/2

Scénario et dessins : Nicolas Malfin
Couleurs : Meephe Versaevel

Aire Libre

Survivre

Août 1944, les Allemands résistent toujours à l'assaut américain dans Saint-Malo. Depuis Cézembre, ils défendent leurs positions et l'île semble inexpugnable. Les habitants toujours prisonniers dans le fort voient les combats de loin. Ewan, désespéré à l'idée que Françoise puisse être morte dans la bataille pour reprendre la cité, décide de porter le message de la Résistance aux Alliés en traversant à la nage, et de la chercher...  Françoise de son côté a débarqué sur l'île de Cézembre contre son gré. Emmenée par le traître Bastien, elle va découvrir une garnison poussée dans ses derniers retranchements aux ordres d'un officier visiblement convaincu que le IIIème Reich va les aider...

Faut-il le dire, on désespérait un peu de voir enfin l'aboutissement de cette histoire entreprise par Nicolas Malfin. Il est vrai que l'excellent premier volet de Cézembre est paru voici 7 ans déjà, un délai auquel les cadences de publication actuelles nous paraissent bien étrangères. Heureusement, deux pages résument cette première partie en entrée d'album et s'avèrent fort utiles, même si on gagnera à se replonger dans l'entièreté du récit.

La situation de Saint-Malo s'aggrave de jour en jour alors que l'on retrouve Françoise, Ewan et leurs proches. Les Alliés emploient des moyens de plus en plus importants -et destructeurs- lors des bombardements, et la ville devient progressivement un champ de ruines dans lequel survivre est la préoccupation première des habitants. La garnison allemande de Cézembre résiste désespérément, ses officiers étant soumis à un odieux chantage venant de Berlin. La Résistance, de son côté, poursuit son action en liaison avec les Alliés. Cézembre, l'île qui donne son titre au diptyque, fut l'un des points du globe les plus bombardés de la deuxième guerre mondiale, percuté par près de...20 000 bombes !

Couverture de l'édition luxe de l'album

Comme dans le premier volet, Nicolas Malfin insère fort habilement l'histoire de ses personnages dans la chronologie précise des faits historiques. On a ainsi la sensation de vivre un documentaire consacré à la bataille de Saint-Malo sans que le poids de ce dernier vienne alourdir l'intrigue -prenante- de la BD.

Abondamment documenté, comme le démontrent son scénario et son dessin (ainsi que les croquis préparatoires illustrant cette chronique !), l'auteur plonge le lecteur dans un piège cerné par les flammes et les explosions. Il conjugue idéalement son récit à la grande Histoire en mettant toujours à l'avant-plan la dimension humaine. L'élégance de son trait, bien soutenu par les couleurs de Meephe Versaevel, et l'efficacité de son découpage participent également à la réussite de cette remarquable BD historique. Un récit dans lequel on percevra aussi un vibrant hommage à la résistance des Malouins et de leur ville lors de cette tragédie.