Sur la route de West
Scénario, dessins et couleurs : Tillie Walden
Gallimard Bande Dessinée, collection Hors Collection
Un road-movie entre réalité et fantastique
Quelquefois, il ne suffit pas de grand-chose pour transformer sa vie. C’est assurément ce que sont dit Béa et Lou, deux jeunes filles, lorsqu’elles se sont rencontrées dans une station-service du fin fond du Texas, l’une rejoignant sa tante en voiture et l’autre fuguant pour échapper à une famille trop envahissante.
Qu’ont-elles en commun, sinon de partager les mêmes orientations sexuelles et surtout d’avoir vécu des expériences cuisantes dont elles n’avaient jamais parlé, préférant les enfouir au tréfonds de leur mémoire ? Seulement, tandis qu’elles apprennent à se connaître et se confient l’une à l’autre, tout au long du ruban texan, elles vont rencontrer des moments heureux avec notamment l’apparition d’une chatte aux mystérieux pouvoirs mais également des moments plus difficiles avec la survenue de deux obscurs personnages qui n’auront de cesse de les poursuivre. Vont-elles arriver à se libérer de ces poids qui les obsèdent et à exorciser leurs peurs enfouies ?
Après l’imposant roman graphique Dans un rayon de soleil, qui avait transporté le lecteur dans un univers onirique et enchanteur, la jeune et talentueuse Tillie Walden nous gratifie à nouveau d’un remarquable ouvrage de plus de 300 pages que le lecteur ne lâchera pas jusqu’à la dernière, tellement le suspense en est maintenu tout au long.
La force du récit réside particulièrement dans la présence d’êtres réels qui naviguent entre réalité et fantastique, au point de dérouter le lecteur pour mieux le retrouver pour une conclusion surprenante.
Le dessin semi-réaliste est à l’image du scénario, tout aussi onirique et fantastique. Les décors d’hiver se succèdent à une allure vertigineuse, dans une débauche de couleurs vives qui contrastent avec l’état d’âme des deux protagonistes si attachants.