Le chapeau mystérieux de Monsieur Pinon

Scénario : Bartosz Sztybor
Dessins et couleurs : Grazia La Padula

Paquet

Les lapins blancs

Tolek est un vieil homme grincheux, un peu fou, qui vit à Paris. Il cherche inlassablement de l’aide pour rentrer dans son chapeau magique. Un chapeau magique ? Il lui faut donc trouver un magicien ! Mais d’où vient ce chapeau ? à qui était-il ? Une plongée dans le passé de Tolek, la guerre, l’occupation nazie de l’Europe. Un monde fantastique dans lequel suivre la quête insensée d’un vieux fou… Fou ? Rien n’est moins sûr !

C'est une étrange histoire que nous propose ici le scénariste poloais Bartosz Sztybor, un récit dont les séquences se déroulant pendant la seconde guerre mondiale sont probablement inspirées du vécu familial. En effet, l'auteur dédie cet album à son grand-père dont il donne le prénom à son personnage principal : Tolek. Tolek n'a qu'un désir : retrouver ce qu'il a vu, dans son enfance, à l'intérieur du chapeau d'un magicien célèbre, le fameux Monsieur Pinon. Des monstres y poursuivaient des lapins blancs, et le petit garçon voulait leur venir en aide. Vieux et désorienté, Tolek est à la recherche de magiciens pour qu'ils fassent revivre l'univers présent dans le couvre-chef qui est en sa possession...

Comme dans Les échos invisibles, Grazia La Padula met à nouveau son dessin au service d'une histoire fantastique que l'on pourrait qualifier d'intime. A travers la quête de Tolek, ce sont aussi ses souvenirs et son histoire personnelle que les auteurs font partager au lecteur. Les monstres qui poursuivent le lapin blanc ne sont-ils pas l'image que s'est créé un enfant dont la famille, juive, est recherchée par les nazis ? Ou l'image que se fait un vieil homme du cancer dont on apprend qu'il est atteint au cours de cette lecture ?

Il est touchant Tolek, dans son entêtement qui dirige cette impossible recherche, comme dans sa fragilité et une sorte de naïveté. Le gamin qui avait surpris le magicien voici bien longtemps n'a pas vraiment quitté le vieil homme incompris d'aujourd'hui.

Le scénario est intrigant et donne envie de comprendre, de découvrir... C'est donc avec plaisir que l'on avance dans ce récit étrange, un peu surréaliste. Grazia La Padula opte de le décliner en grandes cases qu'elle associe volontairement à une palette de couleurs plutôt ternes. Ces dernières sont plus vives pour les séquences oniriques se déroulant dans le chapeau mystérieux de Monsieur Pinon, et là la dessinatrice choisit d'effacer son trait.

Seul regret de ce tome, sa conclusion qui se produit de manière un peu trop abrupte, ce qui ne devrait pas empêcher ceux qui ont apprécié les précédents albums de la dessinatrice ou, dans un genre proche, les admirateurs de Tony Sandoval de décerner...un coup de chapeau à la sombre poésie qui en émane.