L'instant d'après

Scénario : Zidrou
Dessins et couleurs : Eric Maltaite

Dupuis

Chers disparus

Blandine Lefranc a la silhouette d'une jolie hôtesse de l'air qui serait venue s'échouer comme strip-teaseuse dans un bar louche des States. Un client arrive. Mais alors que la belle s'effeuille et se déhanche sur l'air de The Stripper, elle sait à l'instant même qu'il est arrivé quelque chose de grave à sa sœur jumelle Aline, restée en France. Les deux sœurs ne se voient pourtant plus. Aline est celle qui a réussi, la préférée de ses parents, une harpiste à succès. Elle a disparu. En route dans la voiture avec son époux, l'instant d'après elle n'y était plus. Reste le mari, évidemment, que tout accuse.

On a retrouvé le dessin d'Eric Maltaite avec plaisir dans la trilogie Choc, et avec cette histoire qui se déroule dans les années 60', on se dit que Zidrou a pratiquement confectionné du sur mesure pour le fils du dessinateur emblématique de Tif et Tondu. En voiture avec son mari, Aline a disparu. Sa soeur jumelle Blandine va mener l'enquête sur et, avec l'aide d'un détenu lui-même accusé du meurtre de son épouse...disparue, mesurer que ces phénomènes sont plus nombreux qu'on le pense, et surtout que la police veut bien le reconnaître !

Les auteurs nous entraînent dans un flash-back d'une cinquantaine d'années. Zidrou fait référence, dans son scénario et ses dialogues, à des faits authentiques de l'époque et le trait souple d'Eric Maltaite renvoie aux plus belles années de la BD franco-belge. Certains personnages médiatiques d'alors y sont conviés en guest stars (Pierre Tchernia et Roger Lanzac, le présentateur de La piste aux étoiles de l'ORTF). Le physique de Blandine, fausse hôtesse de l'air et vraie strip-teaseuse évoque immanquablement celui de Natacha et on apprécie tout particulièrement un amusant clin d'oeil à Martin Milan.

Quant à l'illustration de couverture, ceux qui s'intéressent au pop-art y trouveront quelque chose de Roy Lichtenstein.

Le récit est construit comme une mécanique de précision et conduit à un rythme élevé. Il nous entraîne sur une piste policière. Mais progressivement, l'étrangeté de ces disparitions et le mystère qu'elles représentent font dévier l'histoire vers le fantastique. Une orientation qui conduit à une conclusion qui laissera peut-être certains lecteurs sur leur faim mais que, de notre côté, nous avons appréciée. Un album surprenant que l'on relira avec intérêt pour en apprécier toute la subtilité.