Le jardin de Rose
Scénario, dessins et couleurs : Hervé Duphot
Delcourt, collection Mirages
Semper festina lente !
Françoise, une quinquagénaire sans emploi, vit avec son mari dans une cité morne et déprimante. Ses rêves sont nombreux, comme trouver du travail, avoir un époux attentif et aimant ou bien vivre dans une belle maison… mais, coincée dans un quotidien oppressant, elle n’a même plus la force de rêver… Le jour où son amie Rose lui propose de s’occuper d’une parcelle d’un jardin collectif, elle finit par accepter, non sans mal et à contrecœur. Sait-on jamais, la vie pourrait peut-être, enfin, lui faire une fleur…
Comme beaucoup, Françoise est une femme ordinaire, avec ses petits problèmes, ses petits plaisirs, sa petite vie. Un numéro pour l’administration. Un fantôme, pour son mari. Une voisine has been pour les jeunes du quartier. Mais c’est aussi une mère qui a arrêté de travailler pour s’occuper de son fils, c’est une femme gentille et serviable avec ses voisins. Comme beaucoup, elle s’est effacée, renonçant à ses rêves…
Hervé Duphot, nous plonge dans une chronique douce-amère, qui prend le temps de se raconter au fil de sa centaine de page, de s’épanouir comme l’héroïne au contact de la terre. Les personnages, construits par petites touches, se dévoilent pour peu qu’on veuille apprendre à les connaitre, à les apprécier. Ils ont pourtant tous quelque chose à dire mais rares sont ceux qui les entendent. Comme le vieux jardinier acariâtre ou le gosse qui semble s’être perdu en poursuivant un chat.
Avec ses jolies couleurs pastel, le jardin de Rose fait office de parenthèse enchantée dans un monde qui va à cent à l’heure et qui fait l’éloge des choses matérielles. Il nous ramène à l’essentiel, au social, à l’humain. L’auteur nous rappelle que le bonheur se situe dans les choses simples. Qu’il est là, à portée de main. Il suffit de le voir, de le vouloir. De bouger, d’oser, de changer. Mais, paradoxe, ce sont souvent les choses les plus simples qui sont les plus difficiles à atteindre.