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L'exilé, par Erik Kriek (Anspach)

L'exilé

Scénario, dessins et couleurs : Erik Kriek

Anspach

Hallstein est revenu...

Islande, Xe siècle. Hallstein, un guerrier viking, rentre chez lui, après des années d’exil pour le meurtre de son meilleur ami, Hrafn. Mais le retour d’Hallstein ne fait pas que des heureux : Einar, le frère de Hrafn, est accaparé par la conquête du pouvoir d’une manière douteuse. Einar souhaite épouser la belle Solveig, la veuve du père de Hallstein, pour accroître son domaine. L’Althing s’apprête à reconnaître Hallstein comme étant l’héritier de son père. Einar brûle de venger la mort de son frère... Hallstein pourra-t-il-échapper à son passé violent et trouver la paix à laquelle il aspire tant ?

Après la petite perle qu'était Le jardin de Daubigny, les éditions Anspach nous proposent une autre belle découverte avec ce roman graphique signé Erik Kriek, illustrateur et auteur de BD néerlandais peu connu chez nous. Initialement publié en 2018 chez Scratch Books, L'exilé nous présente une histoire qui aurait pu donner lieu à un western -du retour au village après la guerre d'un personnage au passé controversé jusqu'au duel final - mais que l'auteur choisit de situer chez les vikings.

Les guerriers nordiques sont certes à la mode, notamment grâce à la série télé Vikings, mais L'exilé se détourne des clichés pour nous immerger dans une société hiérarchisée, davantage structurée qu'on l'imagine généralement et dans laquelle le rôle des femmes est loin d'être négligeable. Erik Kriek s'est solidement documenté, l'album comprend d'ailleurs une liste d'ouvrages de référence ainsi qu'un copieux glossaire.

Cependant, et c'est l'une des grandes qualités du scénario de L'exilé, l'auteur n'alourdit jamais son récit de ces références. Une double page présente les principaux protagonistes en préambule avant que l'on aborde l'intrigue via une impressionnante séquence onirique. Là aussi, même si les croyances d'Hallstein et de son peuple interviennent dans l'histoire, comme elles faisaient partie de leur quotidien, Erik Kriek ne leur accorde pas une place disproportionnée.

L'approche graphique est originale. Le dessin à l'encrage généreux amplifie les contrastes entre ombres et lumières. Cet effet est encore renforcé par un choix de colorisation en bichromie, parfois trichromie.

Un travail que l'on peut tout autant apprécier, au gré des planches, sur un visage en gros plan que sur un paysage ou une scène de bataille.

Des qualités qui justifient le détour que mérite assurément L'exilé, et pas uniquement pour les fans de Ragnar Lothbrok ! De plus on saluera le bel effort consenti par les éditions Anspach qui nous proposent de le découvrir sous la forme d'un fort joli volume au dos carré, cousu toilé.

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Pierre Burssens
24/06/2020