Constellation(s)
Scénario, dessins et couleurs : Serge Annequin
Paquet
Trous de mémoire ?
Depuis le décès de sa mère, Gian vit son adolescence en foyer d’accueil, attendant patiemment le jour de sa majorité pour voler de ses propres ailes. À 17 ans, le jeune homme profite des vacances d’été pour rendre visite à son oncle Bruno, producteur d’huile d’olive à Forcalquier. Passionné de photographie, il parcourt à vélo les sentiers du pays à le recherche de décors insolites. En visionnant ses images, Gian découvre trois clichés troublants dont il n’a pas souvenir. Ces photos sont-elle liées à la disparition de Luna, une jeune femme de 22 ans ?
Serge Annequin nous a habitués à sortir des sentiers battus du 9e Art et ce nouveau one-shot, Constellation(s), tout en étant peut-être davantage accessible que certains de ces albums précédents, ne déroge pas à la règle. En effet, à travers l'étrange aventure de Gian, l'auteur s'interroge sur les principes de perception de la réalité, une réflexion à la fois philosophique et scientifique illustrée dans la trilogie cinématographique Matrix mais déjà évoquée par Platon en...400 avant Jésus Christ !
Le scénario prend son départ dans les Alpes de Haute Provence, un décor qui, a priori, ne semble pas constituer un appel à l'irruption du fantastique. Pourtant l'itinéraire de Gian semble de plus en plus étrange et c'est finalement auprès de Luna, brièvement disparue -la facette polar du récit est anecdotique- que le jeune homme trouvera un début de réponse à ses interrogations. Serge Annequin laisse le mystère s'infiltrer à petites doses dans l'histoire et parvient à intriguer suffisamment le lecteur pour lui faire partager les questionnements de Gian et lui donner envie d'en savoir plus.
Son dessin faussement simple possède un certain charme, peut-être renforcé par les lieux de l'action auxquels l'auteur semble particulièrement s'attacher. Le tout sera donc d'adhérer à son approche originale d'une thématique complexe, tout en saluant l'audace d'aborder celle-ci en BD. Notons d'ailleurs que le texte explicatif de Serge Annequin qui clôture ce roman graphique, s'il ne fournit pas toutes les réponses à nos questions, n'est en rien superflu !
A réserver aux lecteurs curieux.