Le merlu
Tome 1/2 : Les routes de la défaite
Scénario : Thierry Dubois
Dessins : Jérôme Phalippou
Couleurs : Patrick Larme
Paquet
Le facteur de la "ligne"...
Mai 1940, l'exode, une colonne de camions tente de monter au front. Mais la percée allemande est trop forte. La troupe est faite prisonnière. Pour Georges Colin, soldat de 25 ans, il n'est pas question de moisir dans les camps. à la première occasion, il s'évade et rentre chez lui, tant bien que mal. L'armistice est signé. L'occupation commence. La petite entreprise familiale de transport est réduite à néant, ou presque. Il faudra plus que du courage pour relancer l'activité.
Grand amateur d'automobile et de son histoire, Thierry Dubois a la bonne idée de nous faire découvrir, via cette nouvelle série, la (sur)vie d'une entreprise de transports pendant la guerre.
En effet, après avoir échappé à la captivité, le personnage principal, Georges Colin, reprend le volant de l'un des camions de l'entreprise familiale. Or ses contrats l'amènent à franchir de plus en plus régulièrement la ligne de démarcation et il en vient progressivement à passer du courrier d'un côté à l'autre de celle-ci, avant d'être approché par la résistance pour de nouvelles missions.
Le scénario se développe assez lentement en début d'album, mais ceci permet l'installation du contexte du récit et d'un climat de suspicion et de menace permanentes. Pourtant il faut bien vivre et Thierry Dubois a l'intelligence de ne pas donner à ses protagonistes une stature héroïque caricaturale. Ce sont des gens ordinaires qui tentent de se débrouiller avant de passer peu à peu une forme de résistance conditionnée par leurs itinéraires. Le récit est solidement documenté, bien construit et si les BDs de guerre sont généralement centrées sur les aspects militaires du conflit, Le merlu porte notre regard sur la vie (difficile) des civils dans une France occupée.
Le trait de Jérôme Phalippou, précis et soigné, offre une belle reconstitution de l'époque. Le dessinateur a été attentif au moindre détail, et pas seulement à la restitution réaliste des véhicules militaires et civils. On apprécie aussi quelques clins d'oeils glissés ici et là, comme certains personnages de classiques de la BD jouant les figurants ou encore la présence d'un certain Jean-Luc Delvaux (dessinateur de Jacques Gipar sur des scenarios de...Thierry Dubois) dans le rôle d'un garagiste.
Le merlu séduit par son approche traditionnelle de la BD et sa thématique originale. De quoi lui assurer une belle tenue de route !