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La nuit du lièvre, par Yves Leclercq, Georges Van Linthout (Le chaînon manquant)

La nuit du lièvre

Scénario : Yves Leclercq
Dessins : Georges Van Linthout

Le chaînon manquant

Cheratte - USA

Si vous vous rendez à Hatsburg, petite bourgade du Nord-Ouest des Etats-Unis, vous découvrirez son pénitencier, ses mines et ses kilomètres de galeries peuplées de lièvres. A 5 miles de la ville, un très bel érable sycomore est planté au bord de la nationale 87. La nuit, les jeunes du pays passent devant l'arbre à tombeau ouvert, la tête pleine de rock, de blues, de filles et de combats de boxe. Surtout qu'après la guerre de Corée, il faut mordre la vie à pleines dents, foncer et encore foncer...

Voici 20 ans, les romans graphiques constituaient encore une sorte d'exception dans le petit monde de la BD. Pourtant, coup d'audace, Yves Leclercq et Georges Van Linthout se lançaient dans le projet de La nuit du lièvre, alors publié dans la collection Encrages chez Delcourt. Aujourd'hui ce sont les éditions Le chaînon manquant -via un système de crorwdfunding- qui nous invitent à (re)découvrir cette chronique d'une jeunesse compliquée en un plus grand format et sous couverture cartonnée.

La nuit du lièvre a bien vieilli. L'album pourrait être sorti aujourd'hui. Le ton narratif choisi par les auteurs est actuel, comme le rythme du scénario.

On découvre progressivement le petit univers d'Hatsburg, celui de Bo, de sa famille, de ses copains et de certaines relations pas toujours très recommandables. Yves Leclercq prend le temps de développer son récit et l'ambiance dans lequel il baigne.

Cette dernière constitue certainement une de ses originalités. En effet, La nuit du lièvre a, pour une bonne part, été alimenté par des souvenirs personnels du duo, à commencer par la mort accidentelle du frère du scénariste dans un accident de voiture. Mais surtout, les auteurs originaires de la région liégeoise (B) ont transposé le récit mais aussi une partie de leurs décors familiers aux Etats-Unis.

Pour son premier roman graphique, Georges Van Linthout adopte un trait relâché, spontané et très efficace qu'il enrichit d'une gamme de gris et on perçoit au gré des cases tout l'intérêt du dessinateur pour l'Amérique des années 50' et 60' (qu'il développe encore aujourd'hui dans Brian Bones - scén. Rodolphe).  Réédité en tirage limité, La nuit du lièvre méritait sans aucun doute cette belle remise en lumière. Un album à savourer sur un air de blues et disponible sur le site de l'éditeur.

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Pierre Burssens

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20/10/2020