Les aventures de Lucky Luke d'après Morris
Tome 9 : Un cow-boy dans le coton
Scénario : Jul
Dessins : Achdé
Lucky Comics
Vacances dans le sud
Lucky Luke se retrouve bien malgré lui propriétaire d'une immense plantation de coton en Louisiane. Accueilli par les grands planteurs blancs comme l'un des leurs, Lucky Luke va devoir se battre pour redistribuer cet héritage aux fermiers noirs. Le héros du far-west réussira-t-il à rétablir la justice dans les terrains mouvants des marais de Louisiane ?
Quel aura été le poids des actes racistes et de l'éveil du mouvement Black lives matter qui s'en est suivi dans le résultat des élections américaines ? Une question que les analystes ne manqueront pas de poser ce soir et demain. Si Un cow-boy dans le coton n'y apporte pas de réponse, le nouvel album d'Achdé et Jul fait étonnament écho à une certaine actualité...et à un malaise persistant. Jamais sans doute l'homme qui tire plus vite que son ombre n'aura été aussi révolté face à cet aspect particulièrement cruel et injuste des USA.
La colère et le dégoût accompagnent Un cow-boy dans le coton, mais il s'agit bien d'un Lucky Luke accessible à tous les publics, l'humour est donc au rendez-vous, notamment via les Dalton, complètement décalés dans cette aventure à tel point qu'ils prennent de pittoresques Cajuns pour ds Mexicains et le Ku Klux Klan pour une tribu indienne. Certaines scènes sont vraiment hilarantes. Sujet oblige, l'humour est peut-être un rien plus acide que précédemment, mais cela ne nuit aucunement au récit, bien au contraire.
Les auteurs parsèment par ailleurs l'album de sympathiques clins d'oeil, comme la rencontre du héros avec deux gamins du sud créés par Mark Twain ou encore la présence d'une certaine Oprah et d'un certain Barack parmi des enfants afro-américains rêvant de jours meilleurs.
Surtout, tradition initiée par Morris, Jul et Achdé font intervenir un personnage authentique et nous font découvrir Bass Reeves, premier marshal adjoint noir nommé à l'ouest du Mississipi en 1875. Et ce dernier est remarquablement campé.
Graphiquement, Achdé n'a plus à démontrer qu'il est LE repreneur du trait de Morris et à l'arrivée on se régale d'un Lucky Luke épatant qui parvient à faire rire sans jamais éluder la gravité de son sujet, mené à un rythme trépidant et qui comporte aussi une jolie part d'émotion. Lucky Luke for President !