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Le peintre hors-la-loi, par Frantz Duchazeau (Casterman)

Le peintre hors-la-loi

Scénario et dessins : Frantz Duchazeau
Couleurs : Drac

Casterman

Un coup de pinceau, un coup d'épée...

1793. Louis XVI est condamné à mort tandis que la France est frappée par la Terreur, une véritable guerre civile qui met le pays à feu et à sang. Fuyant la capitale pour trouver refuge à la campagne, un écorché vif au regard inquiétant louvoie dans la forêt. C’est un étrange peintre que voici : Lazare Bruandet a des gestes un peu fous, le verbe haut et le coup d’épée tranchantTiraillé par des souvenirs d’enfance douloureux, hébergé par des moines qui lui demandent de l’aide, Lazare tombe sous le charme d’une jeune aubergiste. L’homme a bien du mal à se retirer de ce monde dont la violence et la bêtise l’agressent, et pour tenter de s’y soustraire, il peint la nature qui le fascine, sans souci d’académisme et de postérité vis-à-vis de son œuvre…

Après Mozart à Paris, Frantz Duchazeau s'inspire de la vie tumultueuse d'un peintre méconnu, Lazare Bruandet (1755-1804), plongé dans la tourmente de la Révolution, pour nous dresser le portrait de ce Peintre hors-la-loi.  Peintre hors-la-loi ? Certes, mais tout semble relatif au vu du chaos qui règne à Paris comme dans les campagnes. Une violence omniprésente qui a touché Bruandet dès l'enfance et qui a assurément contribué à forger sa personnalité excessive dans bien des domaines. Le peintre manie l'épée comme le pinceau, n'en est pas à un duel près, refuse les conventions de la peinture de son temps et n'aspire qu'à pratiquer son art sur le terrain. Un terrain hélas envahi par des brigands comme par les différentes factions révolutionnaires.

L'homme est un curieux mélanges de contraires, c'est ce que les faiseurs d'histoires ne veulent pas comprendre... glisse l'auteur dans la bouche de Lazare Bruandet. Or Frantz Duchazeau a l'audace de prendre pour héros de son récit un personnage qui n'est ni sympathique ni attachant, mais qui d'une certaine manière, résulte de son époque. Et on suit ses pérégrinations avec curiosité, découvrant peu à peu des lieux de son enfance sur lesquels il revient alors qu'il endosse en quelque sorte le rôle et les excès d'un peintre maudit  (ou de certaines rock stars) bien avant leur heure.

L'auteur confère graphiquement à la plupart de ses personnages -y compris à son héros- des trognes taillées à la serpe. Par contre il détaille finement ses décors des rues de Paris ou de la nature, dans un rendu qui mais aussi celles des paysagistes de l'Ecole de Barbizon dont il fut un inspirateur.En effet, dès 1791, il exposait certains de ses paysages au Salon de Paris.

On salue donc le choix de Frantz Duchazeau de nous faire découvrir un album et un personnage qui sortent des sentiers battus et de nous donner envie d'en savoir plus au sujet de l'authentique Lazare Bruandet, le peintre hors-la-loi.

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Pierre Burssens

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