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Le tambour de la Moskova, par Simon Spruyt (Le Lombard)

Le tambour de la Moskova

Scénario, dessins et couleurs : Simon Spruyt

Le Lombard

Brin de paille

Vincent en est sûr : l'Empereur lui a souri. Tout le monde lui sourit, d'ailleurs. Avec sa frimousse d'ange, le jeune tambour est la seule lueur d'espoir qui subsiste dans l'univers absurde de la désastreuse campagne de Russie menée par Napoléon. Un dernier reste d'innocence, choyé et protégé par son entourage, à l'heure où la plus grande armée que le monde ait jamais connue continue de marcher à sa perte.

Alors que cette année 2021 voit la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon 1er, le 5 mai 1821 sur l'île de Sainte-Hélène, Simon Spruyt choisit d'illustrer l'un des épisodes les plus terribles de l'épopée napoléonienne : la  campagne de Russie. On ne peut cependant parler de BD purement historique puisque l'auteur adopte un angle d'approche surprenant. En effet, le tambour de la Moskova n'est autre que Vincent Bosse, l'un des personnages secondaires du célèbre romanGuerre et Paix de Tolstoï. 

Vincent, au visage d'ange, se trouve ainsi embarqué dans une guerre qu'il ne comprend pas. Il frappe sur son tambour, hypnotique, et assiste à toutes les horreurs de celle-ci : boucheries des champs de bataille, pillages, famine... 

Désorienté, la nécessité de (sur)vivre va cependant s'imposer à lui, et pour cela le jeune homme va profiter des opportunités qui peuvent se présenter, loin des visions et principes militaires. D'abord pressenti pour entrer au séminaire, Vincent ne sera jamais vraiment un soldat...

Simon Spruyt associe pastels, encres aquarelles et crayons pour nous faire partager la route du tambour, de Borodino à l'incendie de Moscou et après... et le résultat, un dessin semi-réaliste au rendu général très "peinture" est impressionnant. Il favorise également l'intrusion d'éléments symboliques et de passages allégoriques et permet aussi de pousser l'expressivité de certains visages aux limites de la caricature.

Le tambour de la Moskova dénonce l'absurdité de la guerre, de toutes les guerres, à travers une sorte de mise en abyme de l'un chef-d'oeuvre de la littérature. De quoi mériter, au minimum, la curiosité du lecteur !

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Pierre Burssens
26/03/2021