Auracan » chroniques » Une histoire du Velvet Underground
Une histoire du Velvet Underground, par Prosperi Buri (Dargaud)

Une histoire du Velvet Underground

Scénario, dessins et couleurs : Prosperi Buri

Dargaud

Culte

En 1964, rien ne laisse présager que la rencontre entre un jeune new-yorkais accro aux médicaments, Lou Reed, et un Gallois pédant et multi-instrumentiste, John Cale, allait aboutir à la création du groupe de rock le plus scandaleux et original de son époque. En moins de dix ans, ils vont chambouler tous les codes musicaux, artistiques et culturels et influenceront des générations de musiciens.

Trois ans, voilà la brève durée de la carrière discographique du Velvet Underground, avec, à l'époque, un succès plus que relatif pour ses quatre albums sortis. Vu sous cet angle, le Velvet Underground aurait pu être un petit groupe vite oublié. Mais son attitude assez extrême, son côté dérangeant et sa volonté d'aller à l'encontre des courants musicaux (même rock !) du temps et de leurs thématiques allaient l'installer parmi les groupes cultes dont de nombreux musiciens se réclament aujourd'hui encore. 

Les évocations de groupes et de musiciens rock en BD ont le vent en poupe mais l'auteur ne s'attache pas à un sujet facile. Entre l'attitude destroy et les parfums arty de la Factory du pape du Pop Art, Prosperi Buri, auteur et musicien, nous fait partager le parcours du Velvet à travers les relations souvent tendues et (sous) acides entre ses membres : la concurrence entre Lou Reed et John Cale, le passage de Nico, les rôles plus discrets de Sterling Morrson et Maureen Tucker...  Le Velvet fabriqué par Andy Warhol préfigurait à sa manière, sans le savoir évidemment, des années plus tard, le phénomène Sex Pistols orienté par Malcolm Mc Larent et l'explosion du mouvement punk.

Prosperi Buri met fin à son récit avec le départ de Lou Reed en 1970, et choisit de provoquer une rencontre/interview entre Moe Tucker et John Cale pour amener ces personnages à évoquer les suites peu glorieuses de cette aventure, jusqu'à une improbable tentative de reformation en 1993. L'auteur adopte un trait très actuel décliné en bichromie pour porter cette histoire en images, avec des décors réduits au minimum. Tout est axé sur les personnages. L'humour et la caricature ne sont heureusement jamais très loin. Un apport bienvenu pour un album qui intéressera surtout les amateurs d'histoire(s) du rock ou les admirateurs du Velvet...

Partager sur FacebookPartager
Pierre Burssens
31/03/2021