Airborne 44
Tome 9 : Black boys
Scénario, dessins et couleurs : Philippe Jarbinet
Casterman
Duo dans la bataille
Alors que Nice est libérée en août 1944 et que la fête bat son plein dans la ville du sud de la France, deux soldats sont amenés à se rencontrer. La liesse conduit Virgil, un jeune afro américain, vers les bras d'une jeune infirmière blanche. Ceci n'est pas pour plaire à un autre soldat Jared, qui ne voit pas d'un bon œil ce rapprochement entre un noir et une blanche. Passé à tabac, Virgil devra pourtant retrouver Jared et se battre à son côté.
C'est en 2009 que paraît le premier tome de Airborne 44. Aujourd'hui, avec Black Boys, Philippe Jarbinet entame le cinquième cycle (en diptyque) de la série. Plus encore que dans les albums précédents, l'auteur nous rapproche de ses personnages. Il est vrai que comme le laisse deviner son titre, cette histoire se déroulant en 1944 ne manque pas de rappeler un fait d'actualité alors que se déroule aux USA le procès de l'assassin présumé de George Floyd.
Black lives matter... Cette revendication aurait assurément eu sa place dans la bouche de Virgil Burdette et de ses camarades d'unité du 333rd FAB en décembre 1944, non loin de Saint Vith, dans les Ardennes belges. La ségrégation raciale était alors toujours de mise dans l'armée américaine. Virgil en a fait les frais en France, après la libération de Nice, lors d'une bagarre avec un autre soldat, blanc, originaire d'un Etat du Sud. Pourtant, dans un hiver glacial, les deux hommes vont se retrouver côte à côte, et devoir faire passer leurs différences et rancoeurs au second plan pour survivre face à une impressionnante contre-offensive allemande et dans des conditions particulièrement difficiles.
Philippe Jarbinet soigne la psychologie et le cheminement de ses personnages les amenant à se retrouver au coeur de cette fameuse bataille des Ardennes. Il les intègre à des événements réels et leur fait rencontrer des personnages authentiques dans un récit extrêmement documenté. Depuis les débuts de la série, l'auteur, originaire de la région, s'y implique particulièrement, enrichissant ses intrigues et sa documentation de rencontres, témoignages, balades sur le terrain. Et s'il nous livre à nouveau une bonne histoire dans l'Histoire, l'émotion y tient aussi beaucoup de place, comme lorsqu'il rappelle l'exécution de 11 soldats noirs par des SS dans le village de Wereth.
Graphiquement,Philippe Jarbinet s'est hissé parmi les meilleurs dans l'utilisation de la couleur directe, et chaque case ou presque, véritable petit tableau, mérite que l'on s'y attarde. La douzaine de planches ensoleillées se déroulant dans le sud de la France crée d'ailleurs un étonnant contraste avec la neige et les forêts belges en décembre. Le traitement des scènes nocturnes s'avère remarquable. Nul doute que les amoureux de la série apprécieront cet album. Pour les autres, le début d'un nouveau dyptique est toujours une belle occasion de la découvrir. A ne pas manquer !