
L'île des oubliés
Scénario : Roger Seiter d'après le roman de Victoria Hislop
Dessins et couleurs : Fred Vervisch
Phileas
Le voyage d'Alexis
Alexis Fielding, une jeune femme de 25 ans profite d’un voyage en Crète pour se rendre là où sa mère Sophia est née et a grandi. Elle rencontre Fotini, une amie de sa grand-mère qui lui raconte l’histoire tragique de sa famille. Sophia a toujours caché à sa fille le décès de sa propre grand-mère sur l’île de Spinalonga, alors colonie de lépreux ainsi que la raison de son exil loin de la Crète.
Certains types de romans sont probablement plus difficiles que d'autres à adapter en BD, et on peut imaginer que Roger Seiter n'a vraiment pas choisi la facilité en abordant ce best-seller (700 000 exemplaires vendus en France depuis sa parution en 2012) de Jessica Hislop. En effet, si l'île des oubliés, Spinalonga, une colonie de lépreux donne son titre au roman, c'est à une chronique portant sur trois générations d'une famille crétoise que s'attache celui-ci.
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Certes, la lèpre y pèse comme une sourde menace mais Spinalonga semble, malgré tout, offrir davantage de liberté qu'une société très codifiée dans laquelle les femmes sont soumises à des règles et traditions souvent pesantes et exigeantes. On suit ainsi le destin, souvent tragique, d'Eleni et Giorgios Petrakis, de leurs filles, leur petite-fille et finalement de leur arrière-petite-fille Alexis qui, peu à peu, retrouve les traces de sa famille et emmène le lecteur à sa découverte.
Evénements tragiques, à commencer par la maladie, intrigues sentimentales, coups du sort et secrets de famille tissent un récit qui constitue aussi un plaidoyer contre l'exclusion et qui amène souvent le lecteur à faire évoluer son point de vue par rapport à certains clichés ou idées toutes faites. Alexis se cherche, et son histoire familiale qu'elle (re)découvre l'aidera à prendre une décision importante.
Roger Seiter conserve l'essentiel du roman de Victoria Hislop pour l'amener à un album BD de 120 pages, conjuguant la complémentarité du texte et du beau dessin de Fred Vervisch. Le scénariste évite l'écueil des trop nombreux narratifs et parvient à instaurer un équilibre délicat entre ceux-ci et les dialogues. L'île des oubliés accorde peu de place à l'action, mais l'auteur parvient à restituer les sentiments, les ambiances et la sensation du temps qui passe.
Fred Vervisch n'encombre pas ses planches de détails inutiles, ce qui laisse au lecteur d'autant plus d'attention pour son dessin stylisé et élégant. Seul léger bémol, les traits de certains de ses personnages féminins sont parfois fort proches, mais ce sont alors heureusement leurs coiffures qui les différencient davantage. Une palette de couleurs chaudes et lumineuses met l'ensemble en valeur tout en transportant le lecteur sous le soleil crétois. De quoi séduire les amateurs de sagas familiales au croisement d'événements historiques.