Renaissance

Tome 4 : Sui Juris

Scénario : Fred Duval
Dessins : Emem - Fred Blanchard (design)
Couleurs : Emem

Dargaud

Vingt ans après...

Sätie et Swänn, originaires de la planète NäKän, vivent sur Terre depuis vingt ans. Ils appartiennent au personnel médical et militaire de Renaissance, l'expédition financée par le Complexe, une fédération de civilisations extraterrestres venue organiser le sauvetage écologique de la Terre. Une partie des humains vit désormais en harmonie avec ses hôtes, mais Renaissance doit aussi faire face à une opposition armée et radicalisée, prête à tout pour que le Complexe se retire du système solaire.

Sui Juris entame un nouveau cycle de trois albums pour cette série qui révèle progressivement sa dimension de grande fresque de SF. Science-Fiction ? Pas seulement. Quand on évoque, comme le fait Fred Duval, des problématiques liées à l'écologie, la colonisation, la cohabitation ou l'autonomie et les moyens -diplomatiques ou pas- de la revendiquer ou de l'obtenir, on mesure que l'anticipation, comme fréquemment, constitue un détour pour traiter de faits actuels.

Sui Juris débute 20 ans après le premier cycle de la série et permet de retrouver des personnages des albums précédents, mais si l'action de Renaissance sur notre planète a eu des effets positifs face au désastre écologique qui la menaçait, rien n'est cependant acquis quant à la présence extra-terrestre, et la cohabitation avec celle-ci se voit de plus en plus remise en question. Une menace qui se précise quand un attentat est commis contre Australis, une réalisation de Renaissance visant à sauvegarder la grande barrière de corail...

Fred Duval confronte habilement les points de vue des visiteurs du Complexe et des humains autour d'une intrigue riche et complexe qui, hors de son contexte SF, appelle à la réflexion. L'action n'est certes pas l'élément dominant de ce tome, mais quand elle se présente, c'est à travers quelques scènes fort spectaculaires. La longue séquence introductive retrace indirectement les événements du cycle précédent et permet (presque) d'aborder Renaissance à la faveur de Sui Juris.

Emem et Fred Blanchard, chargé du design, nous transportent dans un univers graphique surprenant qui combine décors familiers et éléments importés ou développés sur terre par Renaissance. La cohabitation entre humains et aliens donne parfois lieu, elle aussi, à des images déconcertantes. L'album aborde, entre autres, le thème de l'hybridation et dans cet ordre d'idée, il a sans doute, côté BD, de quoi séduire à la fois les amateurs des mondes de Léo (Aldebaran...) et ceux des intrigues diplomatiques d'Orbital (Pellé/Runberg). Il y a tout de même pires références !