
L'or du temps
Tome 1/2
Scénario : Rodolphe
Dessins et couleurs : Oriol
Daniel Maghen
Le sarcophage
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Hugo de Reuhman, un historien et égyptologue distingué achète à un libraire parisien un ensemble de lettres écrites par Bernardino Drovetti, ambassadeur de France au Caire et adressées à un ami féru d’antiquités. Il y décrit notamment la découverte d’un tombeau phénicien recélant un sarcophage qui contiendrait la dépouille d'un prêtre de Moloch. Or ce lot destiné au Louvre a disparu lors de son transport. Théo, un ami de De Reuhman se lance sur la piste du sarcophage disparu alors que des faits inquiétants se multiplient à Paris. Ses recherches, en compagnie de la jolie Victoria, l'emmèneront dans les obscurs salons des spirites, les sous-sols et les souterrains du Louvre, les bals populaires et les ruelles mal-famées de La Butte...
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En situant son récit en 1897, c'est à une étonnante balade dans le passé que nous convie Rodolphe. En effet, son récit débutant comme une enquête policière avant de basculer vers l'aventure fantastique permet à l'auteur de nous livrer un beau portrait du Paris de l'époque. Un Paris certes un rien marginal, situé entre les lumières des peintres de Montmartre et les ombres de certains cabarets, ou propices à l'invocation des esprits. Et c'est avec beaucoup de plaisir que l'on suit l'itinéraire mouvementé de Théo, sur les traces de ce mystérieux lot disparu, antiquité destinée au Louvre alors que le jeune homme est, lui-même, victime de cauchemars qui le ramènent à une civilisation antique.
Le scénariste conduit son récit avec une habileté éprouvée, relançant régulièrement l'intérêt du lecteur par de nombreuses péripéties et découvertes. Au gré de ces dernières, on croise Oscar Wilde, la Goulue, Marcel Proust, Toulouse-Lautrec et d'autres personnalités de ce temps. Et on s'amuse aussi de grands clins d'oeil adressés à Belphégor ou à la momie la plus terrifiante de la BD, celle de Rascar Capac créée par Hergé dans les 7 boules de cristal. L'histoire est prenante et se savoure avec un sourire charmé par ce fantastique à l'ancienne et...à la française.
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Oriol, qui avait déjà abordé cette période - mais à Barcelone - avec Natures mortes (scén. Zidrou /Dargaud) va encore plus loin dans l'aspect peinture de son approche graphique.
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Pour chaque planche le dessinateur réalise un story-board colorisé qu'il rehausse au crayon puis finalise en numérique. Le résultat est saisissant et évoque le style de certains peintres de l'époque. Le traitement des décors parisiens mérite, lui aussi, que l'on s'y attarde.
Scénario et dessin se répondent ainsi parfaitement dans un album dans lequel on prendra plaisir à se replonger...en attendant le second volet de ce diptyque. Coup de coeur !