Le chant du vide
Scénario, dessins et couleurs : Romain Parlier
Romain Parlier
Partir...
Dans sa jeunesse, une fillette se retrouve trop vite livrée à elle-même suite aux déboires de son père, contraint de partir chercher pitance loin de son foyer. Elle tâtonne ainsi l’avenir, avançant au gré de ses propres expériences et des réminiscences d’une société désenchantée. Plus tard, le retour malaisé du père incite la jeune fille à partir à son tour, afin de rompre avec un univers chaotique qu’elle associe volontiers aux mauvais choix de ce dernier.
C'est une démarche singulière qui a conduit Romain Parlier à la réalisation de Chant du Vide. En effet, l'auteur est avant tout artiste-peintre, et ce sont la disposition de ses oeuvres lors de ses expositions et les remarques de visiteurs qui les associaient au 9e Art qui l'ont peu à peu amené à élaborer un cheminement graphique pour un projet hybride. Comme il l'explique dans la préface de l'ouvrage : l'union de différents microcosmes, celui de la bande dessinée par la présentation en "cases et planches", celui de la peinture par la compposition des images et la recherche d'une narration essentiellement graphique...
D'ailleurs Le chant du vide ne comporte pas de phylactères, seulement quelques phrases, narratives, prononcées ou pensées par son héroïne. Certaines se répètent, caractérisent des situations ou dilemmes rencontrés à des années d'intervalle... Et cela suffit, tant les images transportent le lecteur dans un univers particulier, anticipatif, industriel dans lequel la nature se limite à quelques apparitions fulgurantes, quasi surréalistes d'animaux : girafe, zèbre, requin...
Certaines cases évoquent une forme de rétro-futurisme cher au mouvement steampunk. Mais Le chant du vide ne peut se réduire à cette étiquette, tant l'auteur conjugue différents symboles dans son récit pour un appel à se prendre en main, un appel à la liberté individuelle sans éluder les pièges qui peuvent alourdir ce choix.
Chaque planche est constituée de quelques très grandes cases, et cela contribue certainement à ce que le lecteur soit rapidement happé par cet univers et son atmosphère.
Plus qu'un livre, Le chant du monde donne parfois -par son mode narratif particulier- la sensation de constituer une sorte de fenêtre ouverte vers ailleurs, vers autre chose pour nous livrer une forme de parabole qui appelle à la réflexion.
Passage du temps, des générations, destinée tracée ou choisie mais dans quelle mesure ? Chacune de ses images mérite que l'on s'y attarde et l'ensemble se révèle envoûtant.
L'auto-édition a, de plus, permis à l'auteur d'offrir à son oeuvre un superbe écrin. En effet, ce véritable livre-objet, édité dans un tirage très limité, est imprimé sur un papier de haute qualité assurant un rendu exceptionnel des dessins qui le composent. Chaque page constituant la tête d'un chapitre du récit est elle imprimée sur calque.
Ce très beau livre est disponible sur le site de l'auteur et peut assurément constituer un cadeau hors du commun à (se) faire en cette période proche des fêtes !