
Seul le silence
Scénario : Fabrice Colin d'après R.J. Ellory
Dessins et couleurs : Richard Guérineau
Philéas
Y a-t-il des anges en enfer ?
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Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable…
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Avec plus de 430 000 exemplaires vendus, Seul le silence a imposé, à juste titre, Roger John Ellory parmi les grands du polar. La richesse du roman dépasse d'ailleurs aisément le cadre du genre. C'est dire si son adaptation en BD pouvait s'avérer périlleuse. Fabrice Colin, scénariste ET écrivain multi-récompensé et Richard Guérineau s'y sont pourtant attaqués et ont brillamment emporté le pari car ce bel album d'une centaine de pages constitue assurément une réussite.
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Une des qualités du roman est qu'il ne s'agit pas seulement d'une histoire de serial-killer. R.J. Ellory accorde une grande place à son contexte rural et...historique. En effet, on est au début de la deuxième guerre mondiale et même si l'action se déroule aux Etats-Unis, cet élément va être déterminant dans l'orientation de l'intrigue. Fabrice Colin parvient à conserver l'essentiel du roman sans éluder cet aspect ni la psychologie des personnages, en particulier celle du héros, Joseph Vaughn, littéralement hanté par ces meurtres. Alors oui, certains faits sont résumés, mais les qualités du roman sont respectées et présentes dans son adaptation BD.
Son atmosphère, Richard Guérineau la restitue idéalement à travers une mise en images particulièrement soignée. Personnages, expressions, décors...tout y est pour plonger le lecteur dans un récit dont on prend la mesure progressivement en en découvrant la mécanique impitoyable. De plus, alors que son thème aurait pu aisément donner lieu à des débordements vers le gore ou le spectaculaire gratuit, le dessinateur le traite tout au long de ses planches avec une sobriété bienvenue. On apprécie aussi le contraste entre les paysages ruraux et les décors urbains, au point de regretter un peu que l'album n'ait pas bénéficié d'un format un peu plus grand.
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Depuis plusieurs années les adaptations de romans en BD ont visiblement le vent en poupe -les éditions Philéas leur sont d'ailleurs quasi exclusivement consacrées- mais il s'agit d'un exercice difficile effectué avec plus ou moins de réussite. Fabrice Colin et Richard Guérineau inscrivent sans aucun doute leur Seul le silence dans le haut du panier, en signant un album qui est certes l'adaptation d'un grand roman, mais qui par ses qualités propres parvient (presque) à le faire oublier.