
Par la forêt
Scénario : Anthony Pastor
Dessins et couleurs : Jean-Christophe Chauzy
Casterman
Menace ou refuge ?
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Là où l'asphalte s'arrête, là où les sentiers s'effacent, là où les joggeuses se perdent… C’est au cœur de la forêt que vont s'entrecroiser les trajectoires d’une mère dont la fille unique a disparu et celles d’une jeune policière qui ne veut pas se résoudre à clore l’enquête.
Après son glaçant quadriptyque du Monde d'après, Jean-Christophe Chauzy s'associe à Anthony Pastor pour un one shot qui emmène certes le lecteur Par la forêt mais assurément loin des sentiers battus. En effet les deux auteurs constuisent un étonnant roman graphique de plus de 150 pages autour d'une disparue et de quatre personnages principaux : deux policiers, la mère de la disparue et un personnage assez marginal, suspect, qui avait une relation avec la victime sans que celle-ci soit clairement précisée.
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Quelques planches sont nécessaires pour le lecteur prendre ses marques dans une intrigue qui débute comme un polar mais qui, progressivement, acquiert une autre dimension. On peut en effet y voir une manière d'aborder le fantastique, avec cette forêt mystérieuse fort bien restituée, comme le portrait de personnages qui, face à l'innomable, se sont réfugiés dans leur propre réalité, bercés par un espoir irrationnel.
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L'association du travail des deux auteurs révèle une remarquable homogénéité, et il est parfois difficile de discerner où s'arrête l'apport de Thierry Pastor, scénariste, et où débute vraiment la contribution de Jean-Christophe Chauzy tant sa mise en images répond adéquatement au récit. Thierry Pastor signe un scénario à la trame serrée, rythmé, et dans lequel on peut discerner l'expérience gagnée avec No War. L'ensemble devient vite prenant, et on a vraiment envie d'avoir les réponses aux questions posées au cours de l'histoire. De plus, en adoptant le regard de la policière, l'auteur contribue à ce que le lecteur aborde les autres protagonistes comme autant de suspects ou de personnages ambigüs.
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Jean-Christophe Chauzy choisit la couleur directe pour porter Par la forêt en dessins. Il exploite par ce biais les contrastes de lumières et de couleurs, passant des interactions des personnages aux scènes d'une forêt tantôt menaçante mais qui, au gré du récit, prend aussi parfois des allures de refuge. A une quête impossible, Par la forêt répond par une conclusion surprenante qui déroutera peut-être certains lecteurs mais qui contribue à l'originalité de l'histoire. Un album à découvrir qui, espérons-le, en entraînera d'autres cosignés par ce duo d'auteurs.