
Les grands cerfs
Scénario : Gaétan Nocq d'après le roman de Claudie Hunzinger
Dessins et couleurs : Gaétan Nocq
Daniel Maghen
L'affût
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Pamina a choisi de vivre isolée du monde avec son compagnon Nils dans une ancienne métairie au cœur de la forêt des Vosges. Elle se sait entourée par une harde de cerfs dont elle ne perçoit que les traces. Jusqu’au jour où Léo, photographe animalier, construit une cabane d’affût dans les parages. Il initie Pamina à l’affût pour observer le clan. Au fil des saisons, Pamina guette l’apparition des cerfs. Elle apprend à les distinguer et découvre aussi toute une vie sauvage. Elle va découvrir d’autres clans bien plus cruels, les hommes qui gèrent la forêt et les chasseurs, et se retrouver plongée dans un combat perdu d’avance, la préservation de la nature et des espèces sauvages.
Alors que l'adaptation d'un roman en BD consiste souvent à conserver l'essentiel de l'oeuvre initiale, c'est une démarche toute différente qu'a entrepris Gaétan Nocq avec Les Grands Cerfs, adaptation en bande dessinée du roman de Claudie Hunzinger publié chez Grasset en 2019.
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En effet,le peintre-dessinateur a choisi de s'immerger totalement dans l'atmosphère du roman. Il a été à la rencontre de Claudie Hunzinger, dans sa métairie, et donc sur les lieux d'une partie de l'action des Grands cerfs, le roman étant largement autobiographique. Gaétan Nocq a découvert la forêt des Vosges et a mis à profit son expérience du carnet de voyage pour dessiner sur place.
Plutôt qu'à une synthèse, son travail aboutit à un impressionnant roman graphique de 220 pages présenté sous forme d'un beau volume soigné par les éditions Daniel Maghen. Gaétan Nocq s'octroie le temps et l'espace nécessaires au développement du récit, à l'image des 11 premières planches qui, comme un long zoom sur le chemin emprunté, montrent le retour de Pamina vers sa montagne. Peu à peu, c'est un hymne à la nature que compose l'histoire, et on partage l'émerveillement de l'héroïne pour ses découvertes effectuées au prix de beaucoup d'attention, de patience et de respect. Les choix graphiques de l'auteur renforcent la dimension symbolique et quasi mystique du cerf. Le roi de la forêt n'a pas usurpé son titre.Pourtant la tragédie est proche et l'homme, le prédateur, trouvera une fois de plus prétexte(s) à destruction. A noter que Les grands cerfs met également en question le rôle parfois ambigü de certains photographes animaliers.
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Comme dans Le rapport W Gaétan Nocq combine différentes techniques sur de grandes cases et offre à la forêt vosgienne de multiples nuances de bleu.
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Le dessinateur ne s'encombre pas de détails inutiles, mais cette forme de sobriété rapproche d'autant plus le lecteur du sujet. L'album comporte également un cahier reprenantdes extraits d'entretien avec Claudie Hunzinger illustrés par des dessins réalisés sur le terrain par Gaétan Nocq. Par son approche, sa forme et et son traitement particuliers, Les grands cerfs dépasse, en tous cas, le type d'adaptation d'oeuvre littéraire que l'on découvre assez régulièrement depuis quelques années. Beau !