Adelin & Irina
Tome 3 : La révolte des esclaves
Scénario et dessins : Nicolas Van de Walle
Couleurs : Nicolas Van de Walle - Usagi (couverture)
Editions du Tiroir
Pas de poulet !
Tout le monde se réjouit ! La capitale de l'empire des amazones frétille d'allégresse : c'est bientôt l'anniversaire de son altesse, l'Imperatrix, qui va fêter ses 11 ans, pour le plus grand plaisir de ses sujets. Mais tout le monde n'a pas l'esprit à la fête : des amazones contestataires, les abolitionnistes, entendent bien faire un sitting devant la demeure de la Princesse Irina pour dénoncer les conditions de vie déplorables des esclaves qui sont affectés au chantier interminable du nouveau palais impérial. De l'autre côté de l'échiquier politique, la sinistre baronne Ulcéra, écoeurée par le délitement des traditions, compte bien renverser le pouvoir en place pour instaurer un régime fort qui restaurera la grandeur conquérante du passé.
Nico (Nicolas Van de Walle) entraîne le lecteur dans un univers surprenant avec Adelin et Irina, série dont La révolte des esclaves constitue le troisième tome. En effet, Adelin, un barde, a été capturé et est devenu esclave de la princesse Irina dans l'empire des amazones. Ces guerrières mythiques sont évoquées dans l'antiquité, mais c'est dans un moyen-äge fantastique (et humoristique) que l'auteur choisit de les faire évoluer. Cette fois, alors que l'on prépare l'anniversaire de l'Impératrix sur fond de complot et de contestations, les esclaves (mâles) se voient imposer un jour de jeûne, alors qu'il se faisaient une joie d'avoir du poulet à se mettre sous la dent. Voilà l'étincelle qui va mettre le feu aux poudres et faire vaciller, une fois de plus, l'empire des amazones
Les surprises ne manquent pas dans ce solide album de 64 pages. On a pu découvrir (partiellement) le fonctionnement et les excès de l'empire dans les 2 tomes précédents, mais Nico nous en expose d'autres facettes à travers ce complot à la Game of Thrones. Et puis il s'agit surtout d'une BD qui se lit à différents degrés. On a droit a une aventure humoristique peu avare en rebondissements mais surtout, avec davantage de recul, à une caricature de pas mal de travers de notre société. Dès la troisième case et l'exigence d'un sauf-conduit porté de façon visible on ne peut que penser à...un certain pass sanitaire. Quant aux complots et jeux de pouvoir de la cour, ils rappellent évidemment certains comportements politiques, le tout confirmé par des dialogues riches en jeux de mots significatifs. Les amateurs pur et durs de fantasy souriront, eux, des allusions à l'oeuvre de Robert Howard (Conan, Red Sonja...).
Graphiquement, l'auteur ne recule pas devant la difficulté et signe des planches soignées bourrées de détails (rappelons qu'il est aussi l'auteur de deux tomes des Voyages de Jhen - Casterman) et quelques séquences fort spectaculaires. Les physionomies de quelques-unes de ses amazones feront peut-être hurler certaines féministes mais l'ensemble tient la route. Seul l'encrage gagnerait peut-être à être renforcé, afin d'offrir des ombres plus généreuses et davantage de profondeur à certaines images. Avec le sourire et l'audace, Nicolas Van de Walle démontre que non, tout n'a pas encore été fait dans le registre médiéval fantastique ! Un album et une série à découvrir.